SNUipp-FSU Guyane
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Contre le libéralisme autoritaire, refonder le service public d’éducation.
vendredi, 20 février 2009
/ SNUipp-FSU 973 /

co-secrétaire départemental du SNUipp Guyane

Lire "L’appel des appels"

On connaît les principales mesures venues, depuis plus d’un an, mettre à mal l’institution scolaire française :
- nouveaux programmes de l’école primaire qui, au prétexte de renforcer les « apprentissages fondamentaux », font de l’élève une « machine à exercices » et privent les enfants défavorisés de l’accès à la signification des tâches et de la culture scolaires…
- disparition programmée des RASED qui pouvaient apporter aux élèves en grande difficulté des aides adaptées…
- suppression des cours le samedi matin au détriment des équilibres de vie des enfants…
- mise en place d’évaluations systématiques, sans justification pédagogique, simplement pour fournir des indicateurs à des parents réduits au statut de « clients »…
- disparition progressive de la carte scolaire avec la promesse aux familles qu’elles pourront choisir l’école de leurs enfants alors qu’en réalité, ce sont les écoles qui choisiront leurs élèves, creusant ainsi les inégalités…
- suppression des aides aux initiatives artistiques et culturelles alors qu’il faudrait, au contraire, les renforcer pour compenser le crétinisme de la télévision et lutter contre la sidération par les jeux vidéos…
- disparition de toute véritable formation professionnelle en alternance pour des enseignants condamnés désormais à osciller entre la répression et la dépression...
- abandon de toute ambition pour les collèges laissés en jachère alors que beaucoup d’entre eux sont au bord de l’explosion...
- traitement méprisant des mouvements d’Éducation populaire et pédagogiques dont certains sont gravement menacés dans leur rôle d’appui à l’institution scolaire...

Ces mesures nous sont présentées comme des « réformes », mais je me refuse, pour ma part, à les nommer ainsi. D’une part, parce que cela sous-entendrait qu’il s’agit de « transformations nécessaires » et que ceux qui s’y opposent sont des conservateurs. D’autre part, parce que l’idéologie dominante et la rhétorique gouvernementale présentent toujours ces « réformes » comme inévitables : « Il n’y a pas d’autre solution si nous voulons... que nos enfants sachent lire... qu’on ne gaspille pas nos impôts... que nous tenions notre place dans le monde... etc. ». Or, en réalité, il y a toujours d’autres solutions. Et le rôle des politiques, c’est justement de présenter des scénarios en indiquant les chances et les risques qu’ils comportent, de les référer aux finalités envisagées et aux moyens mobilisables. A minima, il incombe aux décideurs d’associer tous les partenaires à l’exploration de ces scénarios et de mettre à contribution les chercheurs pour éclairer les choix...

Or, que voyons-nous ? Des décisions unilatérales, précipitées, sans véritable anticipation de leurs conséquences, sans aucune mobilisation de l’intelligence citoyenne. Des décisions présentées comme « les seules possibles » : « Il était inévitable de supprimer les cours le samedi matin car cela correspond à une évolution sociologique irréversible et à une demande massive des familles. » Mais pourquoi l’École devrait-elle se caler systématiquement sur les évolutions sociologiques ? Et qui sait si les parents n’auraient pas, finalement, opté, s’il leur avait été présenté, pour un « plan B », comme, par exemple, le fait de faire du samedi matin une plage scolaire plus particulièrement consacrée au dialogue avec les familles, avec la possibilité d’assister aux cours par petits groupes, de débattre des exigences de l’école et des conditions de la réussite scolaire ?... Mais cela n’a jamais été proposé, ni même envisagé ; et, évidemment, aucun sondage n’a été commandé pour voir ce que les Français en penseraient.

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