SNUipp-FSU Guyane
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http://973.snuipp.fr/spip.php?article277
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Compte rendu de la journée de grève du 3 juin
Action /
jeudi, 5 juin 2008
/ SNUipp-FSU 973 / co-secrétaire départemental du SNUipp Guyane |
Manif en famille !
Maman et papa se dépêchent pour vite préparer des couches, un biberon d’eau, un change, la crème solaire, le chapeau et le parapluie avant de monter la poussette dans la voiture. Puis direction le parking de Michotte où je vais participer à ma deuxième manifestation. Mon père nous dépose et va garer la voiture à la préfecture pour ne pas avoir à marcher au retour !
9h les manifestants sont aussi nombreux que la dernière fois (environ deux mille) sauf qu’aujourd’hui il fait grand beau... et je me retrouve barbouillé de crème solaire et équipé de mon bob. D’autres poussettes sillonnent le parking avant le départ. Tout le monde discute, se prépare... Certains clouent, collent, dessinent encore à la dernière minute. Moi, je me fais tripoter, embrasser par les amis de mes parents... dur, dur d’être bébé !
Ca y est, nous sommes partis : le cortège avance doucement et je suis juste devant les banderoles de SUD... Là, il y a vraiment de l’ambiance ! A un moment donné, je me retrouve dans un escadron de poussettes avec les parents qui parlent que de nous, les bébés !
Certains manifestants s’arrêtent au premier café pour boire une mousse, d’autres disparaissent rapidement dans les magasins pour faire une course et tout le monde continue tranquillement en musique jusqu’à la préfecture.
Place de Grenoble, j’attends à l’ombre la délégation qui est reçue à la préfecture. L’ambiance est à la fête et les informations sur les autres manifs dans le département, circulent... Moi, j’en profite pour téter et faire une sieste sans savoir ce que la délégation a obtenu. A 4 mois, j’ai tout de même un peu de mal à suivre une manifestation jusqu’à la fin !
Kilyan Rhein
Plus objectivement...
Parents, enseignants et élèves étaient rassemblés ce mardi matin à 08H30 devant le lycée Michotte à Cayenne. L’ambiance est aux bavardages et aux rires en attendant les bus de Mana, Apagui, Awala-Yalimapo. 2000 personnes en cortège jusqu’à la Préfecture, du bruit, des cris, l’exaspération se fait sentir dans les slogans et les banderoles. C’est la 5ème manifestation depuis le 15 mai, le rectorat est toujours occupé, toutes les communes du département organisent depuis 2 semaines des actions. La mobilisation est là, elle ne faiblit pas.
A la préfecture, une délégation est reçue par un secrétaire, le préfet est en métropole. Tout comme le Recteur, Frédéric Wacheux. A qui doit-on s’adresser ? Il y a-t-il un représentant qui puisse écouter ? L’état aura-t-il abandonné la Guyane ?
La mission interministérielle dépêchée par M. Sarkozy est arrivée dimanche. Elle n’est pas mandatée à prendre en compte les revendications. Elle accepte cependant une rencontre avec la délégation Jeudi 5 mai à 14H.
A l’Assemblée, le même jour, Mme Berthelot, députée de la 2ème circonscription de Guyane interpelle le Ministre de l’Education Nationale. C’est le secrétaire chargé de l’Outre-Mer qui lui répond. Il va se déplacer sur le territoire le 14 juin.
Le gouvernement joue la montre et les médias nationaux ne relaient toujours pas ce qu’il se passe. Les enseignants, parents et élèves guyanais se sentent abandonnés et méprisés. Doit-on continuer nos mouvements pacifiques ? Doit-on se radicaliser ? Doit-on tout laisser tomber jusqu’à la rentrée des classes qui s’avèrera catastrophique ?
Amalia
A 07H, comme convenu, le bus prêté par la mairie était au rendez-vous. Pas les collègues, ni les parents, ni les élèves. Voyant qu’à 07H30, il ne venait personne, la décision de renvoyer le bus a été prise. Quelle origine à ce fiasco ? Le manque d’information est à proscrire. 3 jours et demi ont été consacrés au tract DANS TOUTES LES ECOLES, ETABLISSEMENTS ET LIEUX PUBLICS DE LA VILLE. Paul Losada a contacté le secrétaire du maire afin de lui exprimer notre désolation quant à la non possibilité de prendre le bus ce matin faute de combattants pour le remplir.
On fait remonter un chiffre de grévistes de 90%. La mobilisation est donc là mais elle est demeurée invisible. Les quelques 200 enseignants de la ville n’ont pas jugé bon de se déplacer jusqu’à Cayenne. La mairie pourra ironiser sur la situation et il sera difficile d’obtenir une autre faveur à l’avenir.
Kourou se sentirait-elle épargnée ? M. Quémont, secrétaire du Maire, nous a pourtant clairement signifié que 300 enfants n’étaient pas scolarisés sur la commune soit 10 classes à ouvrir ! Croyez-vous sincèrement que le rectorat acceptera que Kourou absorbe à elle seule la moitié des postes ouverts prévus ? Que va-t-il se passer selon vous à la rentrée 2008 ? Les postes seront donnés à des contractuels ? Combien de temps encore allons-nous accepter l’entrée massive du travail précaire dans notre académie ?
Un retour en classe est prévu pour jeudi tout en conservant un oeil sur le lendemain.
Amalia
Lundi soir :
Parents et enseignants se retrouvent afin de préparer la manifestation de demain. Les mamans font le tour du village et appellent la population à venir manifester. Les collègues préparent des banderoles.
Mardi matin :
Les pirogues de Papaïchton et de Loca arrivent en début de matinée. Les manifestants de Maripasoula sont sous le manguier, pour les accueillir. Tout le monde se souhaite la bienvenue et le cortège se met en place. Le soleil est au rendez-vous et la manifestation se dirige le long des berges du Maroni. Les slogans sont scandés en aluku, en français pendant que d’autres chantent. Ils sont 200 personnes à défiler dans les rues de Maripasoula. Le cortège circule dans le bourg avant de rejoindre la place des fêtes. La matinée se terminera par un concert d’ aléké dans une très bonne ambiance.
Alexandre Dechavanne
L’école est fermée (tous les enseignants sont grévistes) depuis le 27 mai. Aujourd’hui, nous avons affrété une pirogue pour aller à Maripasoula. Nous avons réussi à obtenir une grande pirogue et l’essence a été prise en charge par les enseignants. Une cinquantaine de personnes, parents d’élèves, collégiens et enseignants de Loka ont ainsi pu se déplacer pour la manifestation. Une pirogue venant de Papaïchton a fait de même...
Par contre, aucune consigne n’a été donnée, par conséquent, à Loka, nous avons décidé de rouvrir l’école pour le bien des enfants. Nous avons un souci d’efficacité et fermer l’école apporterait t-il un plus ? Oui, si toutes les écoles suivaient.... ou si le SNUipp nous le demandait, mais... s’il faut durcir le mouvement, nous le ferons... mais pour l’instant, nous ne le savons pas.
Jean Dangla
Mardi 9h00, nous nous retrouvons au rond point à l’entrée de Saint-Laurent. Le cortège se met en branle au son des percussions Brésiliennes et de celles de Fundering. Arrivé à l’angle du stade B, nos « compteurs » se mettent d’accord sur à peu près 600 personnes. L’ambiance est aux sourires, aux coups de sifflets et aux slogans.
On s’engage dans l’avenue principale, Félix Eboué, au bout de laquelle 150 personnes se sont ajoutées au cortège.
Passage devant la mairie dont le premier homme brille par son absence et son silence depuis jeudi dernier, malgré les sollicitations persistantes du collectif.
Arrivé devant la sous-préfecture, le cortège s’arrête. Quelques secondes passent et tout s’accélère. Des petits groupes d’enseignants pénètrent en courant dans les jardins, quelques uns d’entre eux réussissent à monter sur le parvis de l’édifice mais sont vite maîtrisés (4 d’entre eux sont menottés et un peu secoués), dans la foule, certains crient d’entrer dans les jardins. Les grilles de la sous-préfecture s’ouvrent sous la pression de la foule qui se fait immédiatement aspergée de gaz lacrymogène. Certains manifestants répondent par des jets de pierres et donnent un peu de fil à retordre aux membres du collectif qui ont du mal à les faire cesser. Une rapide négociation avec le capitaine de la gendarmerie se conclut par l’occupation pacifique des jardins où se déroule l’AG de fin de manif.
Une délégation est reçue par le sous-préfet, elle se voit accusée d’avoir « violé un sanctuaire de la république » ce à quoi les membres de la délégation répondent qu’ils en sont arrivés là parce que l’État fait de même avec un sanctuaire tout aussi important que ses locaux : l’école. Le sous préfet semble ouvert et compréhensif mais ne trouve d’autre réponse que le traditionnel « je fais remonter ».
Pendant ce temps la foule demande la libération de 2 manifestants et finit par l’obtenir. A l’issue de l’entrevue, l’AG peut commencer. Les parents d’élèves demandent à pouvoir se réunir dans une salle que nous avions réservée. Ils s’y retrouvent à une centaine et débattent des évènements auxquels ils ont assisté, en arrivent rapidement à un débat sur l’école et nous fixent un rendez-vous le soir même, à 18h00.
Lors de cette rencontre, ils nous font part de leur volonté de se joindre au mouvement et d’agir. Les idées fusent, des actions plus ou moins réalisables sont proposées, finalement, ils décident de bloquer les collèges le lendemain. Rendez-vous est de nouveau fixé à 7h00 du matin, à l’entrée des différents établissements.
Ce matin, à peu près 70 parents (une centaine d’individus avec les enseignants) sont répartis devant les 4 collèges concernés, les blocages se sont passés dans le calme et le respect mutuel, à l’exception de celui du collège 5 où le chef d’établissement a perdu son calme (si tant est qu’il en ait eu !) et a tenu des propos peu élogieux à l’égard des parents et des enseignants grévistes.
A 10h00, les élèves et les enseignants non grévistes étant rentrés chez eux, les blocages ont été levés. On se retrouve à l’inspection avec les parents pour une AG. A l’issue de cette dernière, les blocages ont été reconduits pour demain vers d’autres établissements (collèges, lycées, écoles). Ils ont également émis l’hypothèse d’un blocage des épreuves du bac, mercredi prochain, si rien ne se passe d’ici là.
Kloek Ewan