SNUipp-FSU Guyane
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Stages de remise à niveau
mercredi, 12 mars 2008
/ SNUipp-FSU 973 / co-secrétaire départemental du SNUipp Guyane |
Stages de remise à niveau : faux rattrapage, vrai bricolage !
Toujours à l’avant-garde, le rectorat de Guyane s’est empressé de répondre à l’injonction du ministre X. Darcos de mettre en place les stages de remise à niveau dès les vacances de Pâques et cela malgré les délais très courts ne permettant pas réfléchir sereinement aux nombreuses questions d’organisation et de responsabilités qui ne manqueront pas de se poser. Ce dispositif n’a fait l’objet d’aucune discussion et d’aucune information en direction des enseignants, des municipalités et des parents…alors que le Ministre s’y était engagé.
Au-delà de ces questions, le SNUipp s’interroge fortement sur l’efficacité de ces « devoirs de vacances » qui ne peuvent résoudre en aucune façon les difficultés scolaires des élèves. Prétendre rattraper le retard accumulé par les élèves les plus en difficulté au cours des 5 années d’école primaire par trois semaines de stages de 15 heures chacun relève de la supercherie :
• mettre en place ce dispositif c’est nier le travail de chaque enseignant dans sa classe, c’est nier l’importance du travail effectué par nos collègues spécialisés (RASED),
• ce dispositif stigmatise un peu plus des élèves en difficulté scolaire et les prive du repos dont ils ont besoin,
• ce dispositif ne s’adresse qu’à 10% des élèves alors que dans certains secteurs de notre département c’est plus de 75% qui sont en difficulté ou en grande difficulté,
• accepter ce dispositif c’est accepter la remise en cause de nos obligations de service (actuellement 26 h d’enseignement hebdomadaires + 1 h annualisée),
• ce dispositif d’heures supplémentaires est destiné à une infime minorité à l’heure où le gouvernement refuse l’augmentation de tous.
La nécessité de faire réussir tous les élèves à l’école, passe par de toutes autres mesures (abaissement des effectifs, développement du travail en équipe, plus de maîtres que de classes...), qui nécessitent d’autres choix budgétaires.
Stage de remise à niveau : attention, attrape-nigauds !
Mais plus grave, le SNUipp tient à avertir les collègues qui se laisseraient séduire par ce miroir aux alouettes que pour un bien maigre gain immédiat (à voir d’ailleurs s’il sera immédiat !) il jouent le jeu du « travailler plus pour gagner des miettes » et mettent en péril toute revendication ultérieure d’augmentation du pouvoir d’achat.
En outre, rappelons que :
• le taux de l’heure supplémentaire d’un PE s’élèvera à 23,79 € alors que celui d’un professeur du second degré est de 42,08 €,
• les collègues volontaires ne sont peut-être pas près de voir cette somme sur leur fiche de paye (rappelons que les enseignants effectuant des heures supplémentaires dans le cadre des RAR attendent plusieurs mois voire plus d’une année pour être payés !)
• ce dispositif entraînera une charge de travail supplémentaire (encore !) pour l’enseignant de la classe (et sans être payé en heures supplémentaires !) qui devra établir un bilan de compétence en français et en mathématiques de chaque élève concerné qu’il transmettra à l’enseignant qui conduira le stage,
• ces stages entraîneront également une charge de travail supplémentaire (toujours sans être payée) aux équipes pédagogiques qui devront les articuler avec les dispositifs existant déjà dans l’école et les intégrer au projet d’école,
• les enseignants volontaires devront (en dehors des heures supplémentaires payées) concevoir les actions pédagogiques, en amont, et faire une évaluation des progrès de chaque élève et la communiquer à la famille ainsi qu’à l’enseignant de la classe, en aval.
• enfin, sachez que la dotation supplémentaire accordée à la Guyane pour financer ces trois semaines de stages (une pendant les vacances de Pâques, une en juillet et une en août) est de 6 615 h, soit 2 205 h par semaine. A raison de 15 h par session, 147 enseignants pourront être rétribués, soit 1 par école en moyenne. 882 élèves au maximum pourront donc être pris en charge, ce qui représente à peu près 10% des élèves de cours moyens ! Cela ne correspond absolument pas au nombre d’élèves qui présentent des lacunes importantes en français et en mathématiques, loin s’en faut !
Tout cela rentre bien dans la logique actuelle du gouvernement : effets d’annonces intempestifs, poudre aux yeux, cache misère, mystification, volonté de réduire tous les dispositifs d’aides spécialisés, prétextes pour ne pas augmenter le point d’indice…
Alors, refusons d’être complices de cette imposture et exigeons les moyens nécessaires à l’accomplissement de notre mission sans avoir recours à de faux dispositifs d’aide !
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• Note du ministre à l’attention des recteurs et des IA, (PDF - 149.5 ko) |