SNUipp-FSU Guyane
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http://973.snuipp.fr/spip.php?article1296
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Pas un euro pour les constructions scolaires en Guyane !
La violence à l’intérieur et aux abords des établissement scolaires / Compte rendu de la réunion de travail du 31 Janvier 2014, à l’initiative du préfet
jeudi, 6 février 2014
/ SNUipp-FSU 973 / co-secrétaire départemental du SNUipp Guyane |
La réunion était présidée par le Préfet entouré du Recteur, du Procureur et du Général de gendarmerie.
La FSU Guyane était représentée par Christophe BOUCHY secrétaire départemental, Yann DUROZAD SNES-FSU , Sylvia CAPITAINE SNUipp-FSU.
Tout le monde s’accorde sur le fait que la violence augmente dans les établissements scolaires et à leurs abords. Les statistiques de la gendarmerie le confirme par ailleurs. Cette violence est de plus en plus juvénile et féminine.
Parmi les causes citées de cette violence :
L’absence ou l’insuffisance de restauration scolaire. Les élèves livrés à eux même lors de la pause méridienne sont approchés par des dealer, font l’expérience de l’alcoolisme. Même sans excès, la consommation régulière d’une bière ou deux le midi rend l’élève moins apte au travail l’après midi.
Les abords des établissements sont très fréquentés par des jeunes désœuvrés qui ont quitté le système scolaire. La gendarmerie explique que ces jeunes n’ont pas d’autre lieu où ils sont allés régulièrement et donc ils y reviennent naturellement. Le jardin botanique en est un exemple. Cela favorise le racket et l’initiation à la délinquance, à l’alcoolisme ou aux drogues.
L’insuffisance du réseau associatif, le manque de bénévolat. Par exemple il existe une seule association pour la prise en charge des violences faites aux femmes (l’arbre fromager). Rien à Kourou ni à Saint Laurent.
La surpopulation dans les collèges, l’insuffisance des structures d’accueil (cantines, foyers, clubs...).
Le Préfet annonce qu’il a reçu un budget de 400000 euros pour un plan de lutte contre la violence dans les établissements scolaires. Avec ce budget il a déjà recruté deux personnes et passé 200 coups de téléphone à des familles d’élève décrocheur. D’après lui les familles sont très contente de recevoir un coup de fil.
Quelques propositions sont faites :
Convention avec le procureur pour rendre efficace les signalements,
Faire intervenir la brigade mobile de sécurité en amont...
La FSU Guyane intervient pour demander que tout travail concernant ces questions de violence adopte en préambule une déclaration sur la situation socio/économique de la Guyane et ses conséquences :
Impuissance des collectivités territoriales à réaliser les investissements nécessaires (doubler le nombre de collèges, de lycées et d’écoles dans les vingt ans à venir).
Augmentation continuelle et très importante de la jeunesse désœuvrée.
Incapacité à encadrer une jeunesse trop nombreuse par rapport à la population adulte.
désengagement des collectivités territoriales et de l’Etat qui n’interviennent quasiment plus sur les questions d’éducation (le projet académique a été présenté il y a 10 jours devant une salle vide, le conseil de l’éducation est déserté depuis des années...)
Pour la FSU Guyane, si ces questions ne sont pas abordées de front, la violence ne peut qu’augmenter très rapidement et aucune mesure circonstancielle de prévention ou de répression ne pourra rien y faire.
De nombreux participants expriment leur accord avec notre analyse. Nous demandons alors la création d’un observatoire de la construction scolaire piloté conjointement par la préfecture et le rectorat et ayant pour but de réunir tous les décideurs autour de cette question fondamentale : comment allons nous réaliser les investissements vitaux en matière d’éducation et d’encadrement de la jeunesse pour les vingts années à venir.
La réponse du Préfet est sans appel : « Je ne me vois pas inviter M ALEXANDRE et M TIEN LONG à une réunion pour leur dire que l’Etat ne donnera pas un euro ». La séance est levée sur cette conclusion.
Il est évident que le Préfet en a trop dit. Il a révélé sa mission sans la moindre ambiguïté. L’Etat ne donnera aucun euros pour réaliser les investissement nécessaire.
Il faut donc s’attendre à une augmentation importante de l’insécurité et à une dégradation rapide des conditions de scolarisation et de l’emploi (12,5 % de chômeurs en plus déjà cette année). La seule politique menée sera donc répressive.
Ainsi cette plate forme qui réalise l’exploit de passer 200 coups de fil avec 400 000 euros et sur laquelle on peut se poser plusieurs questions :
Qui sont les deux personnes recrutées, quelle est leur mission, leur grade ?
Pourquoi faire remonter les listes des élèves décrocheurs vers la préfecture alors que c’est la mission du Rectorat et des établissements scolaires de se mettre en contact avec les familles de ces élèves ?
A quoi serviront in fine ces listes d’élèves décrocheurs fichés par la Préfecture ?
Pourquoi le Préfet n’a donné aucun détail sur les propositions concrètes qui auraient été faites aux familles contactées ?
Par contre dans la perspective d’une détérioration inéluctable et rapide de la sécurité en Guyane, ces listes peuvent être un appui précieux à une politique de répression.
La FSU dénonce l’hypocrisie, le mensonge et le cynisme du gouvernement et appelle l’ensemble de la population de la Guyane à se mobiliser pour sa jeunesse et son avenir.