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Fenêtre sur classe

journal N°70

Sabotage ou peur de la réalité ?

jeudi 7 février 2008 (Date de rédaction antérieure : octobre 2005).

Sommaire :

P 2 : CAPA du 7 octobre.

P 3 : Baroin, tu mens !

P 4 : Quelques nouvelles du fleuve.

P 5 : Scolarisation des élèves handicapés,

Soyons CLEAN !

P 6 : Regard et vision sur l’école en Guyane.

P 7 : Les permutations informatisées.

P 8 : Fiche de suivi syndical.

Sabotage ou peur de la réalité ?

Le succès de la grève du 4 octobre dans les écoles de Guyane montre bien l’exaspération des collègues face aux conditions de travail déplorables et aux effectifs démentiels qui nous sont imposés.

Comme chacun sait, le SNUipp a organisé un colloque sur le « mal-être professionnel » des enseignants. L’opération n’avait évidemment pas pour but de donner une journée et demie de congé aux collègues mais faisait suite à l’enquête que nous avions lancée en fin d’année dernière.

Ce colloque, animé par une professeure de psychologie à l’université de Bordeaux et une maître de conférence à l’IUFM d’Aquitaine, n’avait pas non plus l’objectif de faire de l’agitation syndicale, mais se proposait plutôt d’ouvrir un débat permettant d’analyser les résultats de l’enquête, de réfléchir aux causes du stress chez les enseignants pour mieux apprendre à le prévenir et le guérir, et d’étudier les problèmes de violence à l’école afin de rechercher des solutions permettant de la réduire.

D’aucuns diront : « Mais, c’est à l’administration d’organiser un tel colloque, elle aurait tout à y gagner ! ».

Il faut croire que ce n’était pas l’avis de quelques IEN qui ont refusé systématiquement toutes les demandes d’autorisations d’absence relatives à ce colloque au prétexte qu’ils auraient reçu des consignes rectorales. Mais, ne s’agissait-t-il pas plutôt de consignes « inspectricedacadémiead-jointales » ?

En revanche, d’autres, plus avertis (ou moins serviles) ont accordé les autorisations. Vont-ils subir des représailles pour avoir ainsi osé braver l’autorité insp…adjointale ?

Certains ont même, semble-t-il, compris tout l’intérêt d’une telle initiative pour les collègues et pour l’administration : ils ont assisté au colloque ou ont regretté de ne pas y avoir été invités !

En toute état de cause, nous ne pouvons que regretter l’attitude de ceux qui ont tout fait pour saboter cette tentative de trouver ensemble des solutions pour améliorer les conditions d’enseignement en Guyane et faire avancer l’école.

Nous prenons acte de cette énième provocation et de ce refus d’affronter la réalité en face.

J-N G.

7 octobre : de la dernière minute

En effet, cette CAPA ayant pour ordre du jour l’affectation de collègues sur les postes à profil et les directions, restés vacants après la rentrée, a failli ne pas voir le jour. Le SNUipp a dû insister pour que l’administration n’affecte pas seule et sans transparence sur ces postes que nous savons sensibles. De nombreux coups de fil et courriers ont été nécessaires d’autant plus qu’une partie du mouvement et notamment celui de l’AIS s’était faite, depuis le 29 août, sans le moindre contrôle des commissaires paritaires.

Comme de coutume, les documents parvenus étaient incomplets, sans la totalité des barèmes des collègues postulants. Ce n’est qu’en CAPA que nous avons obtenu une partie des informations manquantes. Suite à la lecture de la motion du SNUipp dénonçant les affectations sauvages (cf. ci-contre), nous avons eu à subir la sempiternelle mauvaise foi de l’administration nous certifiant qu’il n’était nullement dans leur intention de nous cacher quoi que ce soit. Nous avons réitéré avec force le principe de consultation obligatoire des CAPA pour tout acte concernant les mouvements de personnel.

La totalité des postes a été attribuée au barème et à titre provisoire et il a fallu l’intervention du SNUipp pour que le poste de conseiller pédagogique en EPS de Kourou soit attribué au titulaire du CAPFIPEMF conformément à la circulaire d’appel à candidature.

Nous avons demandé également que les postes de direction, restés vacants après la rentrée, soient attribués le plus rapidement possible car dans ces écoles, bien souvent, le collègue directeur intérimaire se trouve à faire tout le travail de rentrée. On peut comprendre la frustration de ceux-ci, notamment lorsque le travail a été de qualité et apprécié par l’ensemble des collègues et des parents d’élèves. Nous tenons à saluer ces collègues.

Questions diverses

Nous avons obtenu l’annulation de la fermeture d’une classe à A. Sida d’Apatou et l’ouverture probable de l’UPI qui fait défaut au collège d’Apatou.

On nous a certifié que tous les médiateurs culturels en fin de contrat d’AE seront réemployés sur la base de contrats d’AVS.

Nous avons exigé à nouveau avec force que les contractuels soient dotés de contrats de travail en bonne et due forme.

Suite aux nombreuses protestations concernant le mouvement dans l’AIS, nous avons obtenu la tenue d’un groupe de travail à la rentrée des vacances de Toussaint.

La maison de l’éducation, actuellement fermée pour cause de travaux, ouvrira de nouveau le 1er novembre.

Nous avons dénoncé à nouveau les carences inacceptables dans la gestion des remplaçants (indemnités et affectations). Le retour de Mme Faubert devrait, selon l’administration, rétablir la situation. Le SNUipp reste vigilant sur cette affaire et est prêt à engager une action forte si tel n’était pas le cas d’ici la fin du mois d’octobre.

De nombreuses autres questions sont restées sans réponse, comme d’habitude.

Eddy Ségur

Liste des postes pourvus :

Conseiller pédagogique EPS de Kourou : Saïbou Marie-Solange

Conseiller pédagogique Généraliste Oyapock : Laouenan Yves

Animateur pédagogique :Ho Yorck Krui Christine

Animateur pédagogique St-Laurent : Trevilly Laure

Animateur ZEP Kourou :Violanes Denis

Animateur EPS Cayenne-Sud :Horth Marguerite

Directeur CAMPS : Hue Jean-François

Direction Boris : Tozzi Roméo

Direction Giffard :Linval Odile

Direction les Cultures :Lorne Sophie

MOTION

Les représentants du personnel du SNUipp-Guyane dénoncent toutes les affectations sauvages qui ont été faites entre les CAPA du 29 août et du 7 octobre 2005.

Des collègues ont été réaffectés sur des postes sans pour autant que cela soit porté à la connaissance des élus de décisions prises lors de du 29 août ne sont pas respectées. En circonscriptions, nous assistons à une véritable valse de collègues d’école en école. Aucune centralisation des informations n’est opérée.

Sur les postes restant vacants dans l’AIS, aucun appel à candidature n’est lancé dans les écoles. Certains titulaires, qui avaient postulé sur ces emplois, sont restés sans réponse alors que des listes complémentaires et certains contractuels se retrouvent affectés sur ces postes en dehors de toute logique pédagogique, sans respect des textes qui régissent la fonction publique. Sachant l’importance des dispositifs d’aide et de suivi des enfants en difficulté, les modifications d’affectation doivent être discutées en CAPA, ou tout au moins en groupe de travail, d’autant plus que celles-ci peuvent dans le même temps désorganiser une école ou un RASED.

De plus, des collègues se retrouvent en formation pour la préparation du CAPA-SH sans qu’ils aient passé, comme les autres postulants, des entretiens au sein des commissions. Là aussi, aucun appel a candidature n’a été lancé dans les écoles.

Nous dénonçons également toutes les affectations des contractuels sur l’Ile de Cayenne qui ont été faites au mépris du barème adopté lors du groupe de travail sur les contractuels.

L’ensemble de la profession vit ces réaffectations comme le fait du prince et se sent lésé par ce mode arbitraire d’attribution de postes.

Le SNUipp-Guyane ne peut accepter que des affectations se fassent sans transparence et sans aucune équité. Nous demandons donc que toute modification en matière d’affectation se fasse en concertation après avis de , comme le stipulent les textes relatifs aux différents mouvements.

La gestion de cette rentrée s’est passée dans une confusion, une pagaille et une opacité record ce qui augure d’une année des plus difficiles en matière de dialogue social. Nous demandons un renfort de la division du personnel premier degré afin que ces disfonctionnements, individuels et collectifs, soient résolus.

Les commissaires paritaires du SNUipp-Guyane

Baroin et compagnie, vous mentez !

Communiqué de presse du SNUipp-Guyane

Le ministre français d’Outre-mer François Baroin, dans un entretien publié dans le Figaro-Magazine, samedi 17 septembre, estime « qu’il faudrait envisager » la remise en question du droit du sol pour l’accession à la nationalité française « dans certaines collectivités d’outre-mer ».

Cette déclaration interpelle tous les enseignants de Guyane. Car dans leurs classes ils sont témoins tous les jours de situations sociales difficiles liées à l’immigration clandestine.

Tout d’abord cette déclaration démontre que le jeune ministre ne connaît pas la loi ou fait semblant de l’ignorer.

En effet les enfants nés sur le territoire, de parents étrangers, ont vocation à devenir français seulement à leur majorité, il faut en confirmer cette volonté à treize ans et répondre à un certain nombre de conditions : avoir vécu sur le sol français de manière continue pendant au moins 5 ans, avoir été scolarisé .

Il faut bien noter qu’être né sur le territoire ne donne à l’enfant de parent étranger en situation irrégulière aucun droit à quelque allocation que ce soit et nous le constatons tous les jours dans nos classes. De plus, si ses parents sont en situation irrégulière, ils n’auront droit à aucune prestation sociale pour cet enfant (voir les déclarations de la directrice de de Guyane dans France Guyane 22/09/2005). Ces parents, tout comme les autres étrangers, doivent recourir aux procédés normaux pour être régularisés : demande de titre de séjour vie privée et familiale au bout de 5 ans - 10 ans dans la plupart des cas, sauf s’ils arrivent à acheter ce titre (vendu à partir de 700 € d’après les rumeurs, il est certain que des étrangers ont obtenu des cartes de séjour en Guyane ne correspondant pas à la procédure normale) enfin ces demandes sont très souvent rejetées.

En s’attaquant à cette loi de , le jeune ministre attise les fantasmes d’invasion, stigmatise des populations qui ont profondément besoin de considération et de droit et flatte les instincts xénophobes.

C’est ainsi que certains de nos élus locaux se sont « lâchés ».

Pour Jean-Pierre Roumillac, le président de l’Association des maires, "François Baroin a eu l’audace et le courage de poser le problème" . "Les gens viennent pour les avantages sociaux, ne faut-il pas aussi limiter l’accès à ces avantages ?" (Le Monde, 19/09/2005, L Marot).

De même le secrétaire départemental de l’UMP et conseiller régional, Rémy-Louis Budoc, rappelle la revendication déjà ancienne de Léon Bertrand, le ministre du tourisme et maire de Saint-Laurent-du-Maroni, de classer l’hôpital de la ville frontière avec le Surinam en "hôpital international" . "Il s’agit de faire cesser cette pratique scandaleuse qui consiste pour des clandestins à venir accoucher à Saint-Laurent pour avoir des enfants en situation régulière et bénéficier des aides sociales , explique M. Budoc. (Le Monde, 19/09/2005, L Marot).

Comment faire croire aux habitants de St-Laurent que ce sont les quelques femmes en situation irrégulière venant accoucher à St Laurent qui sont responsables de l’Etat déplorable du service public de santé dans la sous préfecture ; le SNUipp rappelle que les habitants de l’Ouest de doivent faire la queue dès 3 h 00 du matin pour espérer être soignés dans l’après-midi, qu’il n’y a que deux dentistes pour 25 000 habitants …..

De même, nos deux élus Guyanais, comme le ministre, ne connaissent pas la loi ou ils la connaissent et mentent aux électeurs pour masquer le manque de vision et de volonté politique, chez certains élus, de doter d’infrastructures scolaires et sanitaires permettant d’aborder le 21 ème siècle.

Le SNUipp ne peut pas laisser MM. Budoc et Roumillac dire ces paroles car c’est faux : les parents en situation irrégulière ne bénéficient de rien ni même doivent vivre ainsi 10 ans en se terrant. Le SNUipp a été contacté par des jeunes adultes Saramakas qui vivent depuis 25 ans en Guyane et n’ont pas de titre de séjour, leurs enfants n’étant toujours pas scolarisés car les parents ont des difficultés à payer le transport scolaire.

En proposant une loi d’exception à l’Outre Mer, le ministre et les élus qui le soutiennent, contribuent à construire le sentiment que notre région n’est qu’un sous département de l’Europe ; « nous accorde la nationalité française mais nos lois seraient celles appliquées en France sous Pétain ? »

Tout en ne niant pas la part, environ 20 % d’après l’INSEE, qu’engendre l’immigration clandestine dans les problématiques de logement et de constructions scolaires, le SNUipp rappelle que c’est essentiellement l’absence de vision politique à long terme en matière d’éducation qui est responsable de la non scolarisation : il est beaucoup plus simple, pour l’Etat et les élus locaux, d’attaquer une partie de la population de que d’engager un véritable plan de rattrapage dans les infrastructures scolaires, sanitaires et sociales.

PS : Pendant que l’Etat, avec l’aide de certains élus locaux, prépare des lois d’exceptions pour , il n’a toujours pas « réglé » le dossier des « Français sans état-civil » : ces Amérindiens ou descendants de Noirs marrons originaires des villages isolés des deux rives du Maroni, fleuve frontière avec le Surinam. Litacha, non déclarée à la naissance, scolarisée depuis 1990 en Guyane, vient d’obtenir à 20 ans son baccalauréat économique et social. Elle attend son jugement déclaratif de naissance et ignore si elle va pouvoir continuer ses études, faute de bourse (sa mère n’a pas non plus d’état-civil) : « Je voulais être institutrice sur le fleuve. Finalement, je me demande si je ne ferai pas mieux de travailler dans le secteur social ». Titulaire aujourd’hui d’un titre de séjour de trois mois, elle avait passé les épreuves de français du bac, il y a un an, en montrant sa carte scolaire. (RFI, F.Farine le 22/09/2005).

Le conseil syndical du SNUipp-Guyane

Quelques nouvelles des secteurs

Monfina : 3 ou 4 ans perdus ?

Avant Noël l’administration de l’Education Nationale croit au père Noël S.E.N.O.G (Société d’Economie Mixte du Nord Ouest de Guyane). Celle ci promet, comme l’année dernière, comme il y a deux ans la fin des travaux des logements pour

Les enfants non scolarisés, les parents et les enseignants en ont marre et demandent aux ministres, au recteur, au préfet et aux collectivités locales d’arrêter de les prendre pour des « imbéciles ».

ment avec la complicité naïve de notre administration qui donne encore foi à ses lettres de promesses.

Comment peut-on laisser quatre classes toutes neuves depuis septembre 2003 vides ? Alors que la liste des enfants non scolarisés ou déscolarisés sur le fleuve Maroni serait de 3 000 enfants (chiffre INSEE) ?

Les enseignants de Monfina : Caro, Marc, Cyril et Audrey

Transport scolaire en pirogue : le conseil général prive 100 enfants d’école.

Il y a toujours plus de 100 enfants déscolarisés car le conseil général refuse d’affréter 3 pirogues à Grand Santi bourg et 1 à Monfina (nous avons transmis, pour une médiation avec le conseil général, de la part des collègues de Monfina une liste de 15 enfants à l’inspection du Maroni. Les parents ont payé les 95 euros pour le transport …).

Apaguy : Le rectorat est responsable du retard de la rentrée

L’Education Nationale qui affiche sa volonté à Cayenne de lutter contre la non scolarisation laisse pourrir à Apaguy 9 classes et 9 logements pour certains tous neufs en refusant d’affecter des enseignants alors que depuis la rentrée nous avons connaissance d’une dizaine de volontaires. Pourquoi ?

Providence : Le maire a promis une école après les élections !!

Dans un village où les habitants affichent fièrement des drapeaux tricolores il n’y a toujours pas d’école (500 enfants non scolarisés). a oublié ses enfants.

Depuis plus de vingt ans on a promis au capitaine du village d’en faire une. La dernière promesse c’est pour 2007 après les élections !!!

Grand-Santi : comment en est-on arrivé là ?

Le 30 septembre, lorsque nous sommes montés à Grand Santi, 9 classes étaient encore fermées dans les deux écoles du bourg, car des enseignants manquaient toujours à l’appel (11 en comptant les ZIL et Brigades). Est-ce la faute au Rectorat qui n’a pas su nommer les contractuels en temps et en heure ? Sans doute, mais ce serait faire une analyse un peu rapide. Alors qui est le responsable ? Un petit retour en arrière s’impose…

En effet, il y a quelques années, Grand-Santi était un nom qu’on entendait souvent dans les couloirs de l’IUFM et pour cause : les équipes sont stables sur le site, les écoles sont bien dotées, il y a du matériel dans les écoles, l’éloignement est compensé par le cadre de vie, et les vacances aménagées (tous les samedis libérés sont cumulés sur les vacances de Noël et de Pâques), ont toujours permis d’attirer des volontaires. Et pourtant, à la rentrée 2005, seule une PE2 sortante a demandé à venir, tous les autres ont fait appel… Une seule volontaire, cela n’était peut-être jamais arrivé depuis 1995…

Alors que s’est-il passé vraiment ? La raison est toute simple : le manque cruel de logements. Depuis l’an 2000, nous chantons le même refrain : « Construisez des logements à Grand-Santi pour accueillir les enseignants… ». Chaque année, le pire était évité, des cohabitations, des couples d’enseignants qui n’utilisent qu’un seul logement. De notre côté, nous tirions pourtant toujours la sonnette d’alarme : « Attention, il n’y a pas assez de logements… ». L’appel est toujours resté sans suite, une deuxième école de 8 classes a ouvert en 2002, seuls 4 logements ont été construits, des couples avec enfants (mais un seul enseignant dans le couple) ont remplacé les couples d’enseignants et voilà, Grand-Santi se trouve maintenant dans l’impasse. Cette commune est dans l’incapacité de loger les enseignants qu’on va lui envoyer à moins de les mettre au carbet de passage pour l’année, une année au milieu des touristes et de temps en temps de l’équipe pédagogique, voilà une année qui s’annonce sympathique…

Que faire ? Nous avons alerté le Recteur pour qu’il vienne accompagné des responsables, SENOG, SIGUY, CCOG, lors de sa prochaine visite annoncée juste avant les vacances de ’aimerais que tous les parents des enfants déscolarisés l’accueillent pour qu’arrête enfin l’hypocrisie de la prétendue école de

L’espoir a quitté les enseignants de Grand-Santi de régler la situation cette année. Il est déjà temps de parler de la rentrée 2006-2007, et la demande est toujours la même : « Des logements… ». Monsieur le Recteur, l’an passé, lorsque vous étiez passé à Grand Santi à la même période, vous m’aviez dit : « Le fleuve est ma priorité, car si on réussit sur le fleuve on réussira en Guyane ». Je ne sais pas si vous réussirez en Guyane, mais vous n’avez toujours pas réussi sur le fleuve.

PS : Mardi 4 Octobre, 4 nouveaux enseignants sont montés sur Grand-Santi, il restait juste 4 places dans deux logements (les joies de la cohabitation). Pour les 7 qui manquent encore, il est recommandé d’apporter son hamac…

St-Laurent ; 350 enfants enfin scolarisés ?

Une petite erreur s’est glissée dans les deux derniers « Fenêtres sur classes » : nous avions annoncé l’ouverture d’une nouvelle école de 14 classes, il n’en est rien.

Les 14 classes sont toujours à l’ordre du jour mais elles sont réparties sur quatre écoles ( , Ecole 6, Les Sables Blancs, Les Cultures). Que de bonnes nouvelles me direz-vous ? C’est vrai que l’on peut se réjouir de l’ouverture de classes qui vont permettre à 350 enfants d’être scolarisés ou « rescolarisés » (les maternelles de l’an passé qui vont enfin trouver une place en CP), mais s’il faut deux mois pour faire ces bâtiments, pourquoi encore une fois ne les avons-nous pas commencés en juillet ?

Au moins, aux mois de septembre et octobre, les enseignants peuvent regarder et surveiller les travaux de plus près. Pour ce qui est des activités langagières, cela va être plus difficile avec le bruit environnant…

Mais un problème majeur perdure, quel enseignant devant ces enfants ? Sur les 14 classes, on annonce une dizaine de CP, les circulaires de chaque rentrée sont pourtant claires, des titulaires confirmés pour les classes de CP. Pourtant ce sont bien des contractuels qui vont être nommés sur ces classes, nous leur souhaitons donc la bienvenue sur St-Laurent (ils peuvent déjà me contacter au 0694 90 24 83…). En marge de ces constructions, les paris vont bon train, les enfants rentreront-ils le 3 novembre comme promis ou deux semaines plus tard ? Pour ma part, je pense que ce sera un beau cadeau de Noël pour tous ces enfants…

Nous venons d’apprendre avec tristesse le décès à 53 ans de notre collègue Christian Santini, directeur de l’école Moutende à Apatou depuis de nombreuses années.

Le SNUipp s’associe à la douleur de la famille et de ses collègues

Scolarisation des élèves handicapés

Petits rappels ( cf. Fenêtres sur classes n° 69 p. 5 ) :

Dès septembre 2005 :

Accueil des élèves handicapés inscrits de droit dans leur école de secteur au moins à temps partiel et sans analyse préalable de leur situation par ( loi 11 fév. 05 pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées).

 L’enseignant réalise les premières observations et évalue les besoins. Il doit le faire avec la plus grande attention et la plus grande vigilance car c’est sur ses constats et ceux de l’équipe de l’école que va s’appuyer l’élaboration du dossier.

exemples : en cas d’évacuation qui s’occupera de l’élève à mobilité réduite ? Si la propreté en maternelle n’est pas acquise, peut-on accueillir l’élève et qui le changera plusieurs fois par jour s’il n’y a pas d’AVS ou EVS (En maternelle l’ATSEM ne doit pas seule prendre en charge l’accompagnement de l’élève car son aide est destinée à l’ensemble du groupe classe). L’élève a-t-il besoin de l’aide de l’AVS en permanence ? Comment s’organiseront les déplacements dans l’école entière ? Que fera l’élève pendant les temps de récréations ? (Faut-il prévoir une surveillance particulière ?). Peut-il participer aux activités motrices ?

L’équipe éducative (les personnes pouvant être présentes sont le directeur de l’école, l’enseignant, les parents, le secrétaire de CCPE, le médecin scolaire, le RASED et les différents partenaires qui prennent en charge l’enfant à l’extérieur comme l’orthophoniste, le kiné, le CMPI, le CMPP...) devra se réunir rapidement, surtout pour les premières scolarisations, afin de définir le projet de l’élève (faire attention à la date fixée par chaque circonscription).

Avant le 15 novembre 2005  : (Commission de Circonscription Préélémentaire et Elémentaire) étudie le dossier de l’élève handicapé mis en place lors de l’équipe éducative et dont la synthèse est rédigée par le secrétaire de CCPE et recherche les mesures appropriées à ses besoins :

aménagements matériels (lampe, loupe pour les malvoyants, plan incliné pour le fauteuil roulant, ordinateur pour l’élève, mobilier adapté...)

accompagnement humain (AVS Auxiliaire de Vie Scolaire et ASEH Aide à l’Accueil et à des Elèves Handicapés).

Le secrétaire de CCPE et le psychologue scolaire sont les premières personnes « ressource » pour les enseignants de l’école qui accueillent des élèves handicapés.

Avant le 15 décembre 2005  : (Commission Départementale de l’Education Spéciale) valide le dossier, prend les décisions en matière d’orientation et de prestation et les communique aux parents.

A partir de janvier 2005  : ce seront les Maisons Départementales des Personnes Handicapées qui prendront le relais et gèreront la scolarisation des élèves handicapés avec

- 1 équipe pluridisciplinaire qui après l’évaluation des besoins dégagés en équipe éducative élaborera le Projet Personnalisé de Scolarisation de l’élève (PPS)

- 1 commission des Droits et De l’Autonomie des Personnes Handicapées (CDAPH) qui reprendra les compétences de l’actuelle CDES.

Des précisions ministérielles devraient nous être apportées au cours de l’automne

Face à ces nouvelles dispositions prévues par la loi du 11 fev 05, les scolarisations d’élèves handicapés vont se multiplier. Il nous paraît donc plus qu’urgent de dégager des aides importantes pour scolariser dans les meilleures conditions TOUS nos élèves handicapés ou non.

 Nos propositions sont les suivantes :

- renforcer les RASED en veillant à ce qu’ils soient complets ( 1 psychologue scolaire, 1 rééducateur, 1 maître CLAD) et en augmentant leur nombre. Pour exemple à Kourou, il n’y a que 2 secteurs RASED alors que le nombre d’élèves a considérablement augmenté avec la création de groupes scolaires et des bungalows qui fleurissent chaque année.

Il serait temps que l’Académie se montre plus ambitieuse et dégage de vrais moyens pour recruter et former davantage de personnels AIS (cette année 2 départs en formation rééducateur étaient possibles et malgré des candidats motivés et compétents aucune candidature n’a été retenue).

- mobiliser un nombre important d’AVS et ASEH : et cela dès la période transitoire qui sépare des décisions de

- diminuer les effectifs des classes qui accueillent un élève handicapé (très difficile cette année en raison des écoles surchargées).

- et le SNUIPP rappelle encore et encore que plus de maîtres que de classes peut aussi représenter une réponse satisfaisante à la scolarisation des élèves handicapés dans une école.

Vous pouvez retrouver des infos complémentaires sur les sites :

http://www.education.gouv.fr/handiscol/

http://themamaternelle.free.fr/ (voir la rubrique « élèves différents »).

Rédaction collégiale kouroucienne

Soyons CLEAN !

La non maîtrise de la langue (en l’occurrence le français) est un problème crucial en Guyane. Nombreux sont nos élèves qui traînent, pendant des années, cette difficulté qui handicape leur scolarité. Il est donc fort utile de mettre en place des structures d’aide et de soutien.

Au premier rang de ces structures, on peut citer les C.L.I.N dont l’efficacité vis à vis des enfants ne maîtrisant pas le français n’est plus à démontrer. A plusieurs occasions, d’ailleurs, le SNUipp a proposé d’étendre cette structure à la maternelle, mais sans pour autant spolier l’élémentaire... Cette suggestion est opportune au vu du public accueilli dans nos écoles.

Cependant les autorités académiques n’ont pas jugé bon de retenir ce projet. Jusqu’à ce que la circonscription de Cayenne de Sud devienne pilote d’un projet, concerté avec le CASNAV, visant à étendre l’intervention des maîtres de CLIN à la maternelle, à partir du 2ème trimestre, dans le cas où ils n’auraient pas de primo arrivants. Il n’y aurait aucun problème vis à vis de cette idée, sauf que la manière dont on envisage son application ne nous convient absolument pas. Car il s’agit ni plus ni moins de demander aux collègues de C.L.I.N placés en élémentaire d’intervenir en maternelle. Autrement dit, conformément à l’adage « On déshabille Pierre …. » (vous connaissez la suite). Je ne crois pas que les camarades, qui, il y a quelques années, avaient pensé à cette proposition, l’envisageaient ainsi. Car, enfin, à qui va-t-on faire croire que des enseignants, déjà débordés, seront efficaces en augmentant leur charge de travail ? Il ne pourrait en résulter qu’un simple saupoudrage. Rappelons nous l’idée « géniale » d’étendre l’action du R.A.S.E.D (sans augmentation de moyens) aux maternelles. Il est temps d’en finir avec ce postulat qui veut que l’on peut améliorer les résultats en fonctionnant à moyens constants. Une réforme ne peut réussir que si les moyens suivent. C’est une vérité implacable qui se vérifie partout (cf l’intégration des enfants handicapés). Pour une fois, notre hiérarchie doit reconnaître que la démultiplication des poissons et des pains n’est possible que dans l’Evangile. Si elle souhaite agir précocement sur la non maîtrise du français, qu’elle se donne les moyens de ses ambitions.

Alain CANDALE

Regard et vision sur l’école en Guyane.

Le linguiste Michel LAUNEY est enseignant-chercheur à l’Institut de Recherche pour le Développement de Guyane. Il travaille depuis 1995 en Guyane sur le palikur, sur le français langue seconde dans le contexte guyanais et sur la place des langues dans l’enseignement. Beaucoup d’entre nous ont eu la chance de suivre ses cours à l’IUFM ou pendant des stages organisés par de nos difficultés pédagogiques ont trouvé quelques réponses dans ces interventions.

Son regard et ses propositions pour l’avenir peuvent nous aider à construire une pédagogie qui réponde plus aux réalités du terrain.

Bonjour Monsieur LAUNEY, quelle était en 1995 votre analyse de l’école en Guyane ?

Michel LAUNEY : Il y a dix ans peu de gens dans la hiérarchie se posaient des questions sur les problèmes que rencontraient les enseignants sur le terrain ; on les envoyait un peu « au casse pipe » !!! Car on n’enseigne pas à Papaïchton comme à Epinal. Les enseignants avaient tous saisi l’inadaptation des programmes hexagonaux et celle de leur formation. Ils vivaient leur souffrance individuellement sans vraiment de prise en compte rationnelle par l’institution. Les enseignants étaient conscients qu’il fallait inventer une pédagogie adaptée à leur terrain d’exercice. Dans ces conditions, peu d’entre eux s’impliquaient de manière durable et efficace sur les sites difficiles, à quelques exceptions près comme les Klingelhoffer à Twenké ou Didier Maurel à Elahé. Abandonnés de l’institution et de l’IUFM beaucoup partaient.

Quand a eu lieu le changement d’attitude de l’institution et quel a été le catalyseur de ce bouleversement des esprits ?

Michel LAUNEY : Il y a eu une maturation dans la réflexion des cadres de l’enseignement, stimulée peut-être par la grève de 2001, ou d’une autre façon par le travail des chercheurs. De plus en plus de responsables admettent que dans une situation aussi complexe (et socio - culturellement très riche de potentialités) la réalité doit être prise en compte et qu’il faut donner aux enseignants les moyens d’enseigner d’une façon plus gratifiante pour eux-mêmes et plus efficace pour leurs élèves.

Aujourd’hui quel est votre regard sur la pédagogie dans nos écoles ?

Michel LAUNEY : Ce changement d’esprit, en oeuvre depuis environ cinq ans, s’est traduit par la création de dispositifs innovants qui améliorent la situation : les médiateurs bilingues, qu’il faut soutenir et pérenniser par la création d’un véritable statut ; une meilleure formation à l’IUFM et en DAFOR ; une Equipe de Recherches en Technologie de l’Education, basée à l’IUFM, dont la mission est de produire des connaissances sur l’école en Guyane et du matériel pédagogique adapté ; la renonciation aux méthodes du FLE au profit de celles du FLS, avec « Langage en fête » qui malgré quelques insuffisances apporte un certain soulagement à beaucoup de collègues. Mais il y encore des progrès à faire.

Avez vous quelques pistes pour continuer à construire une pédagogie qui réponde plus aux réalités de terrain ?

Michel LAUNEY : La pédagogie est beaucoup plus aisée quand l’enseignant partage les connaissances de ses élèves et sait s’appuyer sur elles pour introduire les connaissances nouvelles. C’est pour cette raison, entre autres, que je soutiens la licence pluridisciplinaire afin que le corps enseignant soit plus proche des enfants de Guyane. Si l’IUFM a pris conscience de la problématique des langues dans l’éducation, il faut aller plus loin en instituant, entre autres des cours d’anthropologie pour mieux comprendre les enfants et leur façon de penser. Il faut encore développer en Guyane les méthodes dites d’éveil aux langues, qui permettent de faire du plurilinguisme un atout pédagogique au lieu de le considérer comme un obstacle. On peut aussi imaginer des expériences d’enseignement bilingue comme elles existent dans certains pays voisins (la première année de scolarisation se faisant en langue maternelle, et la langue nationale introduite dans des proportions croissantes jusqu’à dominer à la fin du primaire) ; mais de telles expériences ne peuvent se faire que sur des sites bien choisis, et avec toute une préparation en termes de programmes, de matériel pédagogique et de personnel enseignant : une expérience qui ne se donnerait pas de telles garanties serait vouée à l’échec.

Les linguistes de l’IRD ont entrepris la publication d’une série d’ouvrages sur les langues de Guyane. Ils sont destinés au grand public, et en particulier aux enseignants de terrain. Déjà parues dans cette collection :

Laurence Goury et Bettina Migge : Grammaire du nengee, introduction aux langues aluku, ndyuka et pamaka 280 p., 35 €

Michel Launey : Awna parikwaki, introduction à la langue palikur de Guyane et de l’Amapa, 256 p., 32 €

 

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