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"La prime au mérite pour les proviseurs est criminelle"

Interview de A. Refalo (source l’Express)

jeudi 27 janvier 2011

De zéro à 6000 euros de prime de résultat pour les proviseurs. Alain Refalo, instituteur "désobéisseur", explique pourquoi, selon lui, cette mesure du ministère de l’Education revient à "tuer le service public".

Luc Chatel, ministre de l’Education nationale, a annoncé la mise en place d’une prime au résultat pour les proviseurs. Qu’en pensez-vous ?

Alain Refalo : cette mesure est criminelle car elle revient à instaurer une course au résultat et un management au stress. On applique à l’Education nationale des mesures déjà utilisées chez France Télécom ou dans la police. Les primes au résultat chiffré, dans un environnement où le travail collectif est pourtant indispensable, aboutissent nécessairement à des catastrophes humaines.

Quelles dérives pourrait induire une telle mesure ?

Tous les enseignants et les chefs d’établissements vont être mis sous tension pour améliorer encore davantage la progression du résultat chiffré. La conséquence à moyen terme, c’est une soumission à la politique du rendement. Les établissements ne feront plus que du "bachotage", pris dans une course à la performance individuelle. Il n’y aura plus de plaisir ni de recherche... C’est contraire à l’éthique de l’Enseignement. Pis, on est en train de tuer le service public !

Il faut engager une résistance éthique au quotidien

Cette mesure va également accentuer les difficultés du métier. L’éducation est un secteur professionnel déjà rudement touché par le stress, la déprime, la dépression et les suicides. La prime au mérite pour les proviseurs ne fera que renforcer ce mal-être. Sans parler du fait que ces angoisses se répercuteront sur les élèves.

Cette prime au mérite ne s’applique qu’aux collèges et lycées. Peut-on envisager une "contagion" au primaire ?

La culture de la performance individuelle a déjà contaminé l’école primaire. Les évaluation des élèves de CM2 ou encore les palmarès des établissements les mieux cotés répondent à cette logique. Mais les syndicats, les parents d’élèves et une minorité active d’enseignants [les "désobéisseurs", ndlr] refusent de se soumettre à cette course au résultat chiffré. Si cette idée fait consensus, toutes les parties ne s’accordent cependant pas sur les moyens à employer.

Quelle solution proposez-vous ?

A mon sens, les manifestations et les grèves sont inefficaces. Seule une résistance éthique au quotidien et sur le long terme porterait ses fruits. La première étape de cette lutte : refuser fermement d’entrer dans ce processus du résultat chiffré, comme nous l’avons fait pour les évaluations en CM2.

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