« Dans l’intérêt des élèves, des étudiants et des enseignants, nous vous demandons de renoncer à envoyer dans les classes des non-enseignants et de réclamer du gouvernement une augmentation du nombre de postes au concours à hauteur des besoins ainsi que l’abandon de la réforme dite de masterisation qui consiste à envoyer dans les classes, en responsabilité, des étudiants en master 2 et des nouveaux recrutés non formés », écrit une intersyndicale des formateurs de l’IUFM de Créteil à l’Inspecteur d’académie de Seine-Saint-Denis dans une lettre ouverte, mercredi 14 avril 2010.
L’intersyndicale explique que l’inspection académique a proposé aux étudiants volontaires qui préparent le concours de recrutement des professeurs d’école à l’IUFM de Créteil d’effectuer « un stage de formation en responsabilité en classe à compter du 5 avril 2010 », ce qu’elle juge « révoltant à plusieurs titres ».
- Un impact sur les taux d’échec au concours ?
Elle craint en effet que cela n’entraîne un fort taux d’échec au concours pour les étudiants qui accepteront de faire ces stages car « nous sommes à quelques semaines des épreuves qui commencent le 27 avril et que rien ne devrait venir perturber les dernières révisions ». Ce risque serait « en premier lieu » élevé pour les « étudiants d’origine modeste », attirés par « ces remplacements rémunérés 750 euros nets la semaine soit 3 000 euros nets le mois ».
L’intersyndicale dénonce le fait que ces étudiants « n’ont pas appris à enseigner », ce qui nuira à « la qualité de l’enseignement dispensé, durant plusieurs semaines ». Elle évoque les « risques encourus par les élèves », « certains étudiants ignorant qu’il faut faire l’appel ou que certaines précautions doivent être prises quand on traverse une partie de la ville avec ses élèves pour se rendre par exemple au gymnase ».
- Violence du premier contact avec le métier
Elle redoute également la « violence du premier contact avec le métier que ces étudiants vont subir » : « Des étudiants envoyés précédemment dans les classes ont été gravement chahutés, au point que l’un d’eux a abandonné sa classe et ses élèves au cours de la première journée, un autre s’est retrouvé avec un élève sur le dos, au sens propre du terme. Une autre étudiante, pour se faire respecter, a tellement sévi que les élèves ont fait une manifestation dans la cour et ont refusé de remonter en classe dès la récréation de la première matinée de sa prise de fonction ! Auparavant, elle avait puni un élève pour un travail non fait, ignorant que celui-ci, handicapé, était dans l’incapacité de le faire ! Elle s’est effondrée en larmes dans le bureau de la directrice », relate l’intersyndicale.
Elle refuse l’appellation de « stages de formation », précisant « qu’aucune préparation, aucun accompagnement ne sont prévus ni par des formateurs IUFM ni par des maîtres formateurs ». Elle craint la « surcharge de travail » occasionnée dans les écoles pour les titulaires : « Les chahuts vont nécessairement obliger les enseignants des classes voisines à laisser leur propre classe pour intervenir dans celles confiées aux non-enseignants. L’aide que les titulaires ne manqueront pas d’apporter à ces jeunes démunis s’effectuera sur le temps libre, durant la récréation, le temps de repas, le soir au téléphone ou par mail », conclut l’intersyndicale.