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Visite de Luc Chatel en Guyane

dimanche 31 janvier 2010

Les 48 heures de présence du Ministre de l’Education et porte-parole du gouvernement n’auront pas permis de remettre à flot la pirogue de l’Education.

Le SNUipp et la FSU estiment que l’acuité des problèmes de l’Ecole en Guyane mérite plus d’attention, plus de considération, plus de sérieux. Ces problèmes ne peuvent trouver de solutions lors de visites éclairs (voir le communiqué de la FSU ci-contre).

Cependant, pour ne pas rester le spectateur passif de cette visite "touristique" et afin de faire entendre le mécontentement des enseignants, le SNUipp a pris un certain nombre d’initiatives :
- demande d’audience auprès du ministre (voir ci-contre),
- appel à la mobilisation dans le cadre de l’intersyndicale SNETAA, SNUipp, STEG-UTG et SUD-Education,
- intervention du SNUipp lors de la réception du Ministre à la mairie de Maripasoula.

Audience

Notre demande d’audience a été acceptée mais nous avons été reçus par M. Fuster, conseiller du ministre, alors que nous voulions rencontrer Luc Chatel en personne et les 20 mn qui nous ont été imparties ne nous ont pas bien sûr permis d’aller au fond des choses.
En réponse à notre premier point (arrêt du paiement par le rectorat des abonnements internet sur les sites isolés), le conseiller nous a confirmé qu’une négociation est en cours, à l’initiative de Mme le Recteur, afin de parvenir à un financement mixte, Education Nationale, Conseil Général, communes. Il nous a également annoncé que le budget de fonctionnement du rectorat sera abondé dans ce sens. Un aménagement technique est également à l’étude qui permettrait de réduire considérablement le coût de ces abonnements. Nous n’avons malheureusement aujourd’hui aucune certitude sur la réussite de cette négociation, ni sur la date de l’application de cet éventuel accord.
Notre deuxième point concernait la carte scolaire : non scolarisation, maternelle, manque de moyens de remplacement, hausse des effectifs dans les classes pour l’année prochaine, accueil des enfants en situation de handicap... Nous avons obtenu les mêmes réponses que d’habitude : le ministère remplit sa mission en créant les postes mais le problème vient des communes qui ne construisent pas assez d’écoles et en aucun cas l’Etat ne se substituera aux collectivités dans ce domaine. Et voilà qu’a surgi à nouveau le spectre de la double vacation comme solution possible au manque de locaux ! Nous lui avons immédiatement fait part de notre opposition totale à cette éventualité.
La réforme du recrutement et de la formation des enseignants constituait notre troisième sujet. Outre notre opposition de fond sur le contenu de cette réforme, nous lui avons indiqué qu’elle était absolument inapplicable en l’état dans notre académie. Le conseiller nous a répondu qu’il était impossible de faire une exception pour la Guyane, la loi ne le permettant pas. Il a cependant évoqué timidement la possibilité de création d’un corps d’enseignants spécifique à la Guyane (à l’image du corps des instituteurs de Mayotte), avec un recrutement d’un niveau inférieur. Là encore, nous avons refusé catégoriquement une telle éventualité et réaffirmé que la seule solution serait un moratoire dans l’attente de la mise en place d’un prérecrutement comme nous le préconisons depuis près de dix ans.
Enfin, s’agissant de la dernière question (formation et titularisation des contractuels), nous avons regretté l’absence d’avancée malgré les engagements du précédent recteur et rappelé nos revendications : augmentation significative du temps de formation continue pour la préparation des concours, utilisation de toutes les dispositions existantes pour la titularisation (liste d’aptitude, validation des acquis de l’expérience, augmentation du nombre de places aux concours réservés et internes...).

Appel à la mobilisation

L’appel à la mobilisation a commencé le 21 janvier, jour de grève nationale, lors de l’AG qui a eu lieu à Kourou. Il a été décidé de se mobiliser pour la venue de Luc Chatel sur le département, information qui était relayée le jour même par le journal France-Guyane.
Il a été évoqué la possibilité d’appeler à une journée école morte, en d’autres termes de partir en grève. SUD-Education a choisi cette voie : couvrant également le second degré, qui n’est pas soumis à l’obligation de déclaration préalable, il en avait la possibilité. Le SNUipp pour des raisons de délais a préféré ne pas appeler à la grève mais a proposé des actions, notamment une demande d’audience et un rassemblement le samedi 30.
Nous n’étions pas en mesure jusqu’à lundi, d’affirmer que le ministre venait bien sur le département. Sa venue s’est confirmée seulement mardi.
Nous avons travaillé sur une campagne d’affichages (voir affiches sur le site) et une opération tract. L’intersyndicale s’est réunie sur Cayenne seulement mardi soir. La production du tract, sa duplication ainsi que sa diffusion n’ont pu se faire que mardi soir et mercredi.
Nous avons donc dû faire face à une situation d’urgence ce qui peut expliquer le nombre limité de manifestants.

Intervention à Maripasoula

Le SNUipp, par l’intermédiaire de son représentant à Maripasoula Alexandre Dechavanne, a rencontré dans la semaine le maire de Maripasoula ainsi que le principal du collège afin qu’ils insistent sur les difficultés des écoles isolées et d’internet.
Le ministre, le recteur, le président du conseil général, le préfet et la députée Chantal Berthelot, attendus en mairie à 7h30, arriveront à 9h.
Dans son discours d’accueil, le maire (qui est enseignant) a parlé des difficultés de sa commune en matière d’éducation : construction d’écoles et de logements, problèmes d’eau, d’électricité et de communication, explosion démographique de la commune qui passe de 5000 à 8000 habitants entre les deux derniers recensements... Le projet du futur lycée de Maripasoula a également été évoqué.
Le ministre a répondu qu’il était très heureux de l’accueil, il a rappellé son attachements aux valeurs républicaines. Il a insisté sur le fait que la France a fait le choix que l’éducation soit gérée au niveau national et qu’un diplôme obtenu à Maripasoula ait la même valeur qu’un diplôme obtenu à Chaumont (il est maire de cette commune). Il a souligné le travail remarquable des enseignants qui travaillent dans des conditions parfois difficiles.
Le représentant du SNUipp a alors pris la parole pour lui faire part de nos revendications locales(voir la déclaration ci-contre). Les réponses du ministre, concordant avec celle que son conseiller nous avait données à Cayenne, sont assez sidérantes :
Les résultats ne sont pas si catastrophiques car les résultats du brevet des collèges sur Maripasoula ne sont que de deux points inferieurs à la moyenne nationale. (Nous parlions des évaluations nationales dans le premier degré : première pirouette)
L’éducation ne doit pas devenir une priorité en Guyane car elle l’est déjà. Il a rappelé que 47 postes seront ouverts dans le premier degré et une centaine dans le second degré. (Dans le second degré, il s’agit d’une transformation d’heures supplémentaires en postes, dans le premier degré ces postes ne font que rattraper l’évolution démographique : deuxième pirouette).
Le ministre a répété son intérêt pour la pérennisation des ILM (annoncée la veille à Kourou). Dispositif qu’il trouve adapté à la diversité des élèves. (Certes ce dispositif est primordial mais il ne répond pas à l’insuffisance de postes spécialisés : troisième pirouette)
Concernant les connexions internet, le ministre est en train d’étudier la question pour établir un partenariat entre la Région, les municipalités et l’état. (Enfin un début de réponse !)
Pour sa part, les différents problèmes soulevés par le SNUipp demandent de nombreuses solutions que les services du rectorat devront étudier. (Merci pour ces précisions pirouette cacahuète !)
Le ministre est ensuite parti avec la délégation au collège pour la visite de l’internat d’excellence (il s’agissait au départ d’un internat de réussite éducative qui se transforme en internat d’excellence : cette manip permet de toucher 2000 € de plus par élève. Il est financé par le département, l’évêché et l’état !)

En conclusion, à part un début de réponse sur les abonnements internet en site isolé, ce ministre, pas plus que les précédents, n’a l’intention d’investir dans un vaste plan de rattrapage afin que l’Ecole offre les mêmes chances de réussite aux élèves de Guyane qu’à ceux des autres départements.
Les deux seules solutions qui ont été avancées (double vacation et recrutement au rabais) nous font froid dans le dos.

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