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Projet académique 2009/2012 : l’analyse du SNUipp

dimanche 25 octobre 2009

Après avoir étudié dans le détail le projet académique 2009-2012, le SNUipp-Guyane a été atterré par sa pauvreté, son manque de cohérence, d’ambition, de ligne directrice et de priorités.

Le SNUipp a fait part de ses remarques et critiques lors du groupe de travail du vendredi 16, du CTPA du lundi 19 et du CAEN du jeudi 22 octobre.
Le recteur semble avoir reconnu le bienfondé de certaines de nos observations puisqu’il a, à notre demande, accepté de nous associer à un travail de réécriture et de modification. Il ne l’a donc pas proposé au vote du CAEN du 22 octobre et le représentera lors d’une prochaine réunion de cette instance.

  • Considérations générales

En tout premier lieu le SNUipp demande qu’un bilan soit fait du précédent projet académique qui avait, rappelons-le, été adopté à l’unanimité par le CAEN en 2006. Le recteur nous répond que cela a été fait l’année dernière, mais personne n’en a eu connaissance.
Selon ce rapport aucun des objectifs fixés n’aurait été atteint, ce projet étant brillant mais beaucoup trop ambitieux. Nous demandons que cette évaluation soit publiée, présentée devant le CAEN et analysée afin d’expliquer de façon plus détaillée cet échec.
Nous estimons que le recteur porte une lourde responsabilité car depuis son arrivée dans l’académie il n’a rien fait pour poursuivre l’application du projet en cours, bien au contraire : il a laissé dépérir ou provoqué la disparition de structures en place : observatoire de la non scolarisation, CASNAV, DAREIC, commission mixte sur les constructions scolaires…

  • Notre avis sur la forme

Pas de lien, de ligne directrice, de priorités :
Ce plan pour l’éducation en Guyane n’est en fait qu’une compilation des conclusions des ateliers qui ont travaillé sur les douze thèmes proposés, sans ligne directrice ni priorités. Il apparaît comme un catalogue de « bonnes intentions », une juxtaposition d’idées décousues.

Nombreuses redites et redondances :
On retrouve dans presque chacun des 12 axes la nécessité de promouvoir les langues et cultures régionales et la gestion des conflits. Ces deux notions auraient pu servir de fil conducteur.

Des évidences inutiles dans un projet académique. Exemples :
- Eviter les erreurs d’orientation,
- Actions permettant aux élèves de mieux maîtriser la langue française,
- Développer des dispositifs de préparation aux examens : devoirs sur table…

Des reprises d’instructions officielles inutiles également dans un projet académique. Exemples :
- Pratiquer la pédagogie différenciée, les PPRE…
- Construire un projet pédagogique par classe,
- Apprentissage du français à travers toutes les disciplines,
- Proposer des animations pédagogiques…

Confusions fréquentes entre objectifs et moyens.
La plupart des moyens énoncés sont en fait des sous-objectifs pour lesquels il faudrait définir de façon précise et concrète les moyens d’y parvenir. Exemples :
- Augmenter le taux de scolarisation des élèves de trois ans : de quelle façon ?
- Améliorer l’accueil des familles : comment ?
- Augmenter le nombre d’intervenants en langue maternelle : avec quel budget ?
- Se déplacer vers les parents résidant dans les sites isolés : qui ? sur quel temps ? avec quel budget ?...

Les indicateurs sont uniquement quantitatifs et très restrictifs. Exemples :
- Nombre d’établissements mettant en place des dispositifs d’individualisation : il serait plus pertinent d’évaluer le nombre d’élèves bénéficiant de ces dispositifs, les matières touchées, les résultats obtenus…
- Taux d’élèves accueillis à l’infirmerie au moins une fois : il faudrait aussi établir une liste des motifs pour envisager des actions de prévention…
En outre, pour que ces indicateurs soient pertinents, il faudrait une base de données reflétant la situation actuelle.

Les moyens budgétaires ne sont jamais abordés.
Un certain nombre de propositions correspondent à nos revendications. Mais la situation actuelle prouve qu’elles vont à l’encontre de la politique gouvernementale de diminution des moyens et qu’elles resteront sans doute des vœux pieux n’ayant aucune chance d’être réalisés. Exemples :
- Pour chaque collège, créer un poste infirmier à temps plein,
- Recruter du personnel spécialisé,
- Augmenter les brigades de remplacement,
- Créer un Etablissement Régional d’Enseignement Adapté (EREA),
- Dispositif de pré-recrutement d’étudiants salariés…

  • Notre avis sur le fond

Les manques :
- Pas un mot sur la prise en charge des élèves et des personnels en situation du handicap,
- Rien sur la non scolarisation : l’observatoire sur la non scolarisation est enterré pour devenir l’observatoire de la scolarisation,
- La résorption de la précarité n’est évoquée que par une phrase laconique « Faciliter l’accès à des formations qualifiantes pour permettre aux personnels contractuels d’accéder aux concours » sans autres précisions,
- L’éducation au développement durable, qui devrait à notre sens être parmi les priorités, n’est absolument pas abordée.

Nos désaccords :
- Répartir les élèves en groupes de besoins ou de compétences (secondaire) : revient-on aux classes de niveaux ?
- Consacrer les 5 premières minutes de chaque cours à une sensibilisation à l’éducation civique : totalement irréaliste !
- Protocole de bonne conduite à signer par les enseignants !!!
- Rendre obligatoire le contrat d’objectifs : les objectifs sont déjà fixés par les instructions officielles, il n’est pas nécessaire d’en rajouter une couche.
- Lutte contre l’absentéisme institutionnel : remise en cause du droit syndical, du droit à la formation continue, du droit à être malade !
- Amalgame primo-arrivants/handicapés.

Propositions contradictoires avec la politique actuelle :
Certaines propositions de ce projet académique sont en contradiction avec les fermetures de postes effectuées au dernier CTP et celles qui sont annoncées nationalement au budget 2010.
- Augmenter le nombre d’ILM : il n’y a pas de possibilité de modifier leur statut ou de réembaucher ceux qui sont arrivés au terme de leur contrat,
- Augmenter le nombre de remplaçants : pourquoi ne pas l’avoir fait cette année ?
- Augmenter le nombre de personnels d’encadrement : sur quels postes ?
- Favoriser l’accès aux concours pour les contractuels : les stages pour les contractuels de l’ouest et des fleuves ont été supprimés…

Propositions impliquant les collectivités locales :
Le jour du CAEN elles étaient presque totalement absentes ce qui laisse augurer de grandes difficultés pour mettre en application un certain nombre de points du projet académique qui demandent la participation financière de ces collectivités. Exemple :
- Organiser des sorties éducatives,
- Création d’une maison de l’innovation pédagogique,
- Maison d’accueil et hébergement des personnels sur les sites isolés,
- Liaison internet avec les sites isolés,
- Construire des établissements scolaires de proximité, des internats…

  • Ce que nous approuvons

Pour ne pas être totalement négatifs, nous devons faire remarquer qu’un certain nombre de revendications que nous défendons depuis de nombreuses années sont présentes dans ce projet. Malheureusement, comme nous le faisions remarquer plus haut, aucune ligne budgétaire n’est dégagée pour les mettre en application. Exemple :
- Pré recrutement de jeunes à la sortie du lycée comme étudiants salariés,
- Aide au financement d’études, de master,
- Rendre les écoles plus attractives, plus accueillantes,
- Suivi médical des élèves et des enseignants.

Nous participerons au travail de réécriture en défendant nos valeurs et nos revendications, sans pour autant que cela nous engage sur le vote final.

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