On le savait, c’est confirmé : ce ne sera pas grand chose pour quelques uns et plus d’individualisation et de mérite pour tous les autres ! Le tout financé par les suppressions de postes.
Le ministre a tout d’abord pris 10 bonnes minutes pour passer de la pommade sur "le plus beau métier du monde", le dévouement mais aussi l’isolement des enseignants, rappelé la faiblesse des rémunérations des enseignants...
Il a ensuite rappelé, sans honte ni vergogne, les mesures prises ces derniers mois par le gouvernement et son prédécesseur à l’EN : primes second degré, évaluations dans les écoles, primes d’installation, augmentations indemnitaires de directeurs, prêts à taux zéro, mesures en faveur des personnels administratifs...
Puis il a décliné ses propositions (qu’il souhaite "partagées"...) pour un nouveau pacte républicain sur les carrières des enseignants. Un pacte qui repose sur 2 piliers : modernisation de la gestion des ressources humaines et mesures sur les rémunérations des enseignants.
Il a confirmé que les marges budgétaires dégagées s’inscrivent dans la politique de réduction de postes (moitié des gains réalisés...). Rajoutons d’emblée qu’elles répondent en plus à l’individualisation des carrières (cf discours de Sarkozy à Nantes) et au "travailler plus pour gagner plus".
- Côté modernisation de la GRH (gestion des ressources humaines) :
Il s’est lancé dans un long exposé sur la nécessité de rompre avec l’isolement des enseignants et de prendre en compte les parcours et situations très différentes (de l’enseignant d’un lycée qui prépare aux grandes écoles (sic !) au PE de classe unique (re-sic !). Et de développer qu’à situation différente, réponse différenciée et individualisée, que ce soit au niveau de la GRH ou des carrières.
Un discours très "managérial", qui pourrait bien réellement sceller un nouveau mode de GRH dans l’Education Nationale, après de nombreuses autres services publics, centré sur le mérite ("mieux prendre en compte les talents", "favoriser les prises de responsabilité, les initiatives"), ce qui suppose d’en passer par un affaiblissement progressif mais important des statuts (notamment par l’absence de mesures statutaires pour tous...). Il a d’ailleurs précisé que "les cadres statutaires seraient maintenus, mais ne seraient plus l’alpha et l’oméga en matière de gestion des personnels et des carrières".
Il a également mis en avant de la nécessité de développer la médecine du travail (L’Etat doit s’appliquer ce qu’il exige du privé) et la formation tout au long de la vie avec de l’indemnitaire pour mettre en œuvre le DIF (Droit Individuel à la Formation).
- Côté rémunération, 4 "chantiers" :
Débuts de carrière/masterisés : pas moins de 100 €/mois. Une véritable provocation. Une mesure de dévalorisation qui ne compense même pas le report d’un an de l’entrée dans la carrière suite à la réforme de la formation !
Mesure de rattrapage pour les premiers échelons pour éviter "les inversions de carrière". On est tenté de dire qu’il n’y a pas grand risque vu le niveau de l’augmentation indiciaire pour les masterisés !
Nouvelles rémunérations liées à de nouvelles missions, dans la logique du "travailler plus pour gagner plus" ; rémunération en heures sup ou en indemnitaire pour une meilleure prise en charge de l’évaluation des élèves au lycée, tutorat ou MAT dans le cadre de la réforme de la formation et du recrutement, accompagnement éducatif...
Modification des mécanismes d’avancement vers un meilleur équilibre entre ancienneté et mérite avec mise place d’un nouveau grade d’accès au mérite (sur critères).
Les autres personnels ne font l’objet d’aucune mesure nouvelle. Rien notamment sur les infirmiers et les assistantes sociales. Rien sur la précarité !
Des discussions (en multi et bi-latérales) devraient commencer rapidement... jusqu’en janvier au plus tard, pour des mesures applicables à la rentrée 2010.
Le SNUipp et la FSU estiment que ces propositions sont une provocation, mais ils soulignent aussi la dangerosité d’une montée en force de la méritocratie et de l’individualisation et rappellent que ces mesures ne sont financées que par des suppressions de postes. Ils s’engagent dans des consultations avec les autres fédérations en vue d’une action forte en novembre.
Communiqué de presse FSU
Un manque d’ambition provocateur !
Le Ministre de l’Education nationale vient de proposer aux organisations syndicales d’engager un dialogue sur la gestion des ressources humaines et les rémunérations des enseignants et des personnels de l’éducation. Les propositions avancées pour servir de base à cette discussion -et qui s’inscrivent dans une inacceptable politique de suppressions d’emploi- sont particulièrement limitées au regard des besoins et des attentes, voire contradictoires avec ces attentes et les réalités des besoins liés à l’exercice des métiers.
Ainsi l’augmentation proposée de 100 euros au moins pour les débuts de carrière ne compense même pas l’allongement de la durée de la formation et le retard d’un an du recrutement ; rien n’est prévu pour la masse des enseignants en exercice si ce n’est des mesures relevant du « travailler plus pour gagner plus » et un débouché en fin de carrière dont ni le contour ni les critères ne sont définis.
Quant aux mesures concernant la formation continue, la mobilité ou l’accompagnement personnalisé, elles risquent d’autant plus de se révéler des leurres que la politique de suppression d’emplois est contradictoire avec une vraie réponse aux besoins en ce domaine.
Les autres personnels ne font l’objet d’aucune mesure nouvelle. Rien notamment sur les infirmier-e-s et les assistant-e-s sociaux. Rien sur la précarité !
Si le ministre reconnaît bien la dévalorisation des personnels de l’Education, ses propositions ne sont pas à la mesure du problème.
En réalité elles sont marquées par une politique générale de la Fonction publique qui à la fois réduit l’emploi public, tire vers le vas l’ensemble des rémunérations et promeut l’individualisation fondée sur un pseudo mérite.
La FSU participera aux discussions mais entend bien agir pour repousser les limites et obtenir un ensemble de mesures qui répondent enfin aux attentes et aux besoins de tous.
Les Lilas, le 1er octobre 2009