Le ministère vient de publier les résultats des évaluations CM2 passées en janvier malgré les multiples contestations et interrogations suscitées par le dispositif.
Pour la première fois depuis la nomination de Xavier Darcos, le ministère de l’Education nationale fait mine de découvrir qu’une large majorité d’élèves obtient de bons résultats à l’école. Il s’agit d’un fait suffisamment rare pour être souligné. Est-ce l’effet des évaluations ou des actions des personnels et des parents ?
Alors qu’un grand nombre d’enseignants ont suivi les consignes syndicales de ne faire passer aux élèves que les exercices sur les notions travaillées et de ne faire remonter que les résultats aux exercices réellement réalisés, chacun s’interroge sur la fiabilité de ces évaluations. Quel crédit donner alors aux résultats présentés par le ministère ? Comment ont été codés les exercices non passés par les élèves ? Quelle fiabilité accorder à une évaluation aussi mal ficelée ?
Quelle peut être la valeur d’une mesure des acquisitions des élèves en cours d’année, alors même que la totalité des notions n’avaient pas encore été abordées ?
Que penser de la conception d’une évaluation, censée servir d’outil aux enseignants pour le repérage des difficultés, alors que le mode de correction « juste ou faux » ne permet aucune appréciation intermédiaire du niveau d’acquisition ?
Les résultats seraient moins bons en mathématiques qu’en français : est-ce le résultat de programmes inadaptés en mathématiques ou d’exercices d’un niveau de difficultés trop élevé à cette période de l’année ?
Les résultats nationaux de cette évaluation manquent de fiabilité en raison de multiples faiblesses méthodologiques et de leur manque de précisions.
Le SNUipp rappelle que les enseignants ont besoin d’outils fiables et non de coups médiatiques pour aider au quotidien tous les élèves à réussir et pouvoir informer les familles des progrès de leurs enfants. Pour cela une remise à plat du dispositif des évaluations nationales est plus que jamais indispensable.
Concernant les résultats de la Guyane [1], ils sont édifiants, comme on pouvait s’y attendre. Mais y avait-il besoin d’un dispositif aussi lourd et mal adapté pour s’en convaincre. 50 % des élèves n’ont pas de acquis suffisants en français (moins de 20 bonnes réponses sur 60) et le taux monte à 64 % en mathématiques. Tous ces élèves devraient bénéficier d’une aide spécifique. Comment la leur donner ? Est-ce en augmentant le nombre d’élèves par classe comme le prévoit la carte scolaire imposée par le recteur ?
Si cette évaluation devait avoir un seul effet positif, ce serait de démontrer que le taux d’échec en Guyane justifierait un traitement particulier et volontariste : augmentation du taux d’encadrement, renforcement de l’aide aux élèves en difficulté par le biais de RASED étoffés, augmentation de la scolarisation en maternelle… C’est tout le contraire de la politique engagée par le recteur !