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Déclaration de la FSU au CTPA du 28/02/08

samedi 1er mars 2008

Il est parfaitement clair que la FSU ne cautionnera pas la carte scolaire telle qu’elle nous est proposée. Elle se chargera d’informer la profession, les parents d’élèves et la population du fossé séparant le discours officiel et la réalité des moyens accordés.

 
Déclaration de la FSU à l’entrée du CTPA
 
Les citations sont extraites du discours du président de la république à Camopi le 11 février 2008.
 
Monsieur le recteur,
 
Vous savez que l’explosion démographique en Guyane se traduit par une augmentation des effectifs dans nos écoles sans comparaison avec les autres départements. « L’Etat doit bien évidemment s’engager à coté des collectivités pour relever ce défi car l’avenir d’un pays passe par sa jeunesse et nous savons tous que c’est à l’école que se construit la société de demain ».
La contribution de l’Etat (plus de 70 postes par an en moyenne au cours des 7 dernières années) a toujours accompagné, voire devancé les efforts des municipalités en matière de constructions scolaires, sans pour autant d’ailleurs parvenir à résorber la non scolarisation ni à faire baisser les effectifs dans les classes. Il est donc évident que ni les constructions d’écoles, ni les dotations en postes n’ont été suffisantes pour assurer à chaque enfant de Guyane le droit le plus élémentaire que lui garantit la constitution française, c’est-à-dire le droit à une éducation de qualité.
« L’Etat doit intervenir pour mettre en œuvre des plans d’accompagnement afin de tenir compte du contexte particulier de la Guyane et de ses caractéristiques démographiques ». Or cette année, pour la première fois, la dotation de 20 postes accordée pour la rentrée 2008 ne permettra même pas de fournir un enseignant pour chacune des classes nouvelles prévues par les mairies (à peu près une cinquantaine). C’est la raison pour laquelle la FSU condamne ce recul de l’effort de l’Etat qui ne fera qu’aggraver la situation actuelle et aura pour conséquences d’alourdir les effectifs dans les classes et de rendre la tâche des enseignants encore plus insupportable.
Les deux recteurs qui vous ont précédé avaient obtenu du ministère qu’une rallonge à la dotation soit accordée chaque fois qu’une classe nouvelle serait construite assortie d’une liste de 25 élèves. Nous demandons que ce principe soit maintenu. Nous demandons de surcroît qu’une dotation supplémentaire soit accordée afin que la Guyane rejoigne au minimum la moyenne nationale en termes d’effectif par classe : le nombre moyen d’élèves par classe est actuellement de 24,4 en Guyane contre 23,8 pour l’ensemble du pays.
 
Par ailleurs, le stratagème conçu par votre administration pour remplir les nouvelles classes consiste à fermer les structures ouvertes (principalement CLIN et CLAD). Ces mesures ne nous semblent dictées que par des motivations purement budgétaires sans aucune considération pour les dégâts qui en découleront inévitablement sur le plan pédagogique.
En effet, vous n’êtes pas sans savoir qu’un très grand nombre d’élèves n’a pas le français pour langue maternelle. « N’ayons pas peur d’aborder la question des méthodes éducatives pour mieux intégrer la difficulté de la pratique de la langue française ». Les CLIN sont des structures qui permettent d’adapter la pédagogie pour favoriser l’apprentissage du français. Elles ont pris en charge à peu près 2000 élèves avec succès. Comment imaginer que l’on pourra obtenir les mêmes résultats en faisant passer leur nombre de 55 à 29 ? Sans oublier que le secteur le plus touché par la non francophonie, le Maroni, ne dispose que de 2 CLIN !
Vous n’ignorez pas non plus que la Guyane détient le record toutes catégories d’échec aux évaluations nationales. Pour exemple, dans la circonscription du Maroni, les élèves en difficulté ou en très grande difficulté sont 86% en français et 80% en mathématiques pour les CE1, ils sont 91% en français et 88% en mathématiques pour les CM2. Nous tenons à préciser que si nous avons pris l’exemple de cette circonscription particulièrement sinistrée, ce n’est pas par souci de sensationnalisme, mais bien parce que ce sont les seuls chiffres que nous ayons pu obtenir. (Il est d’ailleurs assez surprenant, voire inquiétant qu’à l’heure où notre ministre de tutelle propose de rendre publics les résultats de ces évaluations par école il nous ait été impossible d’obtenir du rectorat la communication de ces chiffres au niveau du département !) Quel constat accablant ! Vous pensez sérieusement améliorer la situation en fermant 6 CLAD ?
Pour sa part, la FSU s’opposera avec détermination à toute fermeture de poste destiné à traiter les problèmes liés à la langue maternelle et/ou aux difficultés d’apprentissage. Elle exige au contraire le renforcement de ces dispositifs.
 
Enfin, la FSU dénonce le détournement de certains postes pris sur le programme 0140 (enseignement public du premier degré) au profit de la DARIC, du site internet du rectorat, de missions auprès des Inspecteurs d’Académie Adjoints ou de missions aux dénominations des plus floues et demande leur retour au service de l’enseignement devant élèves.
La FSU demande également des explications sur le différentiel existant entre les chiffres du ministère indiquant un total de 2160 postes pour le premier degré et les documents du rectorat faisant état de 2156,64 postes.
 
Il est parfaitement clair que la FSU ne cautionnera pas la carte scolaire telle qu’elle nous est proposée. Elle se chargera d’informer la profession, les parents d’élèves et la population du fossé séparant le discours officiel « l’éducation – secteur prioritaire, l’éducation est essentielle dans une politique de civilisation… » et la réalité des moyens accordés. Les nombreux enseignants (plus de 60%) qui ont répondu à l’appel à la grève du SNUipp ont d’ailleurs déjà bien compris les menaces qui pèsent sur le service public d’éducation en général et sur l’école en Guyane en particulier. Vos propositions ne nous laissent aucun espoir de voir s’améliorer la situation calamiteuse que nous connaissons ni de voir diminuer l’injustice intolérable dont sont victimes les enfants de Guyane. Il ne nous suffira pas d’être « imaginatifs » ou de « construire par la voie de l’expérimentation » pour palier les carences de l’Etat.
 
A Rémire-Montjoly, le 28 février 2008
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