Communiqué de presse
Samedi 8 février 2008
A l’occasion de la venue du président de la République en Guyane, le SNUipp tient à rappeler la situation désastreuse de l’éducation en Guyane :
· Plus de 2 000 enfants de 3 à 11 ans ne sont pas scolarisés.
· Chaque jour, des centaines d’enfants (scolarisés) n’ont pas classe par manque de remplaçants, par insuffisance de transport scolaire, par retard dans la nomination d’enseignants sur des postes vacants, par fermeture d’une école pour raison d’hygiène ou de sécurité…
· Scolarisation tardive par manque de place en maternelle, voire en élémentaire,
· Municipalités qui n’assument pas leurs responsabilités en matière de livraison de matériel scolaire, de construction et d’entretien des bâtiments…
· 10% des enseignants du 1er degré sont des contractuels (situation unique en France) et nombre d’entre eux ainsi que les listes complémentaires sont envoyés sur le terrain sans véritable formation initiale ni préparation.
Que l’on ne s’étonne pas, au regard de tous ces dysfonctionnements et insuffisances du système éducatif, que les résultats enregistrés ici soient si calamiteux : plus de la moitié des enfants entrant en 6ème accuse un retard d’un an, plus de 20% un retard de deux ans et plus, le niveau atteint en fin d’école élémentaire est exécrable, les non lecteurs sont légion.
Ce n’est certainement pas la suppression du samedi matin et les deux heures de soutien aux élèves les plus en difficulté (notion qui n’a aucun sens dans une grande partie de la Guyane) qui risquent le moins du monde d’améliorer la situation et de permettre à l’école guyanaise de rattraper son retard.
Nous savons qu’une visite de Camopi est prévue au cours du séjour de M. Sarkozy. Qu’il nous dise, après cette "escapade" s’il estime que les conditions d’enseignement, d’accueil des élèves et de logement des enseignants dans cette commune sont dignes de l’école de la République ! Une telle école aurait-elle la moindre chance d’exister à Neuilly ? Mais qu’il sache que le scandale que constitue cette école n’est pas unique dans notre département. De nombreux autres élèves et enseignants souffrent tout autant pour diverses raisons, particulières aux différents secteurs de la Guyane.
Nous continuons à affirmer que le ministère de l’Éducation Nationale doit reconnaître une bonne fois que le contexte guyanais n’étant en aucune façon comparable au contexte national (enfants non francophones, diversité culturelle, démographie galopante, non scolarisation ou scolarisation tardive, niveau socio-économique des familles, hétérogénéité des classes, isolement de certains sites, conditions sanitaires difficiles…), les normes nationales en matière de taux d’encadrement, de création de structures spécialisées, de moyens de remplacement, d’encadrement des enseignants débutants ou contractuels, etc. ne peuvent s’appliquer ici ; c’est une aberration. A situation exceptionnelle, il faut des réponses exceptionnelles avec des moyens exceptionnels. Il faut seulement en avoir la volonté politique. La maigre dotation de 20 postes accordée pour l’année prochaine ne va évidemment pas dans le bon sens et ne pourra au contraire qu’accélérer le naufrage de l’école et la détresse des enseignants.
Concernant la situation des enseignants contractuels, le SNUipp au sein de la FSU n’a cessé de dénoncer le scandale des modalités de recrutement, l’injustice constituée par les différences de salaire entre ceux du premier et ceux du second degré, l’opacité de leur gestion et de leurs affectations. Il a fait des propositions pour favoriser leur titularisation et pour éviter qu’il y ait, dans l’avenir, nécessité d’avoir recours au recrutement de nouveaux enseignants non titulaires. D’une manière plus générale, le SNUipp est fermement opposé à tout recrutement de personnels précaires dans l’éducation. Des négociations ont été engagées avec les deux précédents recteurs et des avancées certaines étaient en cours de concrétisation. Nous espérons que la nomination du nouveau recteur ne remettra pas en cause ces avancées et que le dialogue suivra son cours.
Enfin, s’agissant du pouvoir d’achat des fonctionnaires, le SNUipp n’est pas dupe des déclarations ministérielles faisant savamment l’amalgame entre avancement de carrière et augmentation du pouvoir d’achat. Les chiffres sont têtus et nous confirment que malgré la confusion semée par le gouvernement, un professeur des écoles sorti de l’IUFM cette année a un pouvoir d’achat inférieur de plus de 6% à celui du PE sorti de l’IUFM en 2000. Il en est de même pour un professeur en milieu ou en fin de carrière.
Le SNUipp réaffirme que seule l’augmentation de la valeur du point d’indice est la solution au rattrapage des pertes enregistrées ces dernières années. Ceci est d’autant plus vrai pour les enseignants qui n’ont pas la possibilité de monétiser leur RTT pour la bonne et simple raison qu’ils ont été tenus à l’écart de la réduction du temps de travail (ils ont au contraire vu leur charge de travail s’alourdir d’année en année).
Beaucoup d’autres sujets mériteraient d’être portés à l’attention du président de la République, tant la situation de notre département est dramatique, mais ces trois points nous semblent essentiels.
Le secrétariat départemental du SNUIpp-Guyane .
SNUipp-Guyane
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