Après lui avoir rendu compte de l’émoi et du désarroi des directeurs et de la profession toute entière suite à ces événements, nous avons fait remonter à Mme Francius les réactions des collègues provoquées par l’arrêté du maire de Cayenne demandant impérativement au personnel communal « de ne pas rester seul dans les classes avec les enfants en dehors de la présence des enseignants responsables des classes pendant le temps scolaire ». Nous lui avons demandé d’intervenir auprès du maire de Cayenne afin que les conditions d’un fonctionnement harmonieux de nos écoles soient réunies.
Mme Francius nous a tout d’abord assuré que le rectorat avait pleinement assumé sa responsabilité dans cette affaire : le recteur et elle-même étant absents à cette période, c’est Mme Assard qui s’est rendue à la police avec la directrice pour la soutenir. A leur retour, Mme Francius et le recteur se sont rendus sur place, un ZIL a été mis à disposition de l’école pendant une semaine pour permettre à la directrice de se remettre, 2 psychologues ont également été mis à contribution et le rectorat à fait appel à son avocat.
En ce qui concerne l’arrêté municipal elle rejoint notre analyse et estime qu’il n’est pas conforme à la loi et qu’il ne constitue en rien une solution au problème. Au cours d’une réunion qui est prévue lundi matin, elle interviendra auprès du maire et pense pouvoir obtenir des modifications. Elle proposera, comme elle l’avait déjà fait précédemment, l’aide du rectorat pour mettre en place des formations pour le personnel municipal (ATSEM et personnels de cantine).
Elle nous a ensuite fait un rapport alarmiste sur la multiplication des plaintes qui lui parviennent de la part de parents qui dénoncent les violences dont sont victimes leurs enfants à l’école. Elle provoquera une réunion de directeurs pour rappeler le sacro-saint principe d’interdiction des châtiments corporels. Nous lui avons suggéré d’utiliser plutôt les conférences pédagogiques pour faire passer le message.
Nous avons ensuite rencontré le maire de Cayenne et commencé l’entretien par les mêmes observations qu’avec Mme Francius. Nous avons surtout insisté sur la position du SNUipp qui n’est pas de monter les différentes catégories de personnel les unes contres les autres (cf. appel de l’UTG à faire partir les ATSEM en guerre contre les enseignants) ni d’exacerber les tensions entre les parents, les élèves et les enseignants (cf. appel du SE-UNSA à la grève contre les parents récalcitrants et les élèves désobéissants). Le souci du SNUipp est de parvenir à un fonctionnement des écoles qui permette à chacun de travailler dans la sérénité. Et l’arrêté du maire ne le permet justement pas car, d’une part, il est indispensable que les ATSEM puissent prendre en charge des élèves dans certaines situations et, d’autre part, cet arrêté provoque chez les ATSEM un encouragement à refuser toute tâche qui ne rentre pas strictement dans le cadre du règlement intérieur des écoles de Cayenne, règlement dont l’interprétation peut varier d’une personne à l’autre. Nous lui avons d’ailleurs fait observer que parmi les employés municipaux, les ATSEM occupent une place à part car elles participent à la communauté éducative et sont, en théorie, habilitées à assister le personnel enseignant pour la réception, l’animation et l’hygiène des très jeunes enfants.
Nous lui avons présenté les textes qui vont à l’encontre de son arrêté mais il ne semble pas, dans l’immédiat, décidé à revenir sur sa décision. Il est surtout préoccupé par la responsabilité qu’il engage à travers ses employés. Il serait prêt à modifier son arrêté si le rectorat le dégageait, par écrit, de toute responsabilité dans le cas où une ATSEM surveillerait une classe pendant l’absence exceptionnelle et ponctuelle de l’enseignant, ce qui ne semble guère probable.
Il nous a quand même annoncé la création d’une commission (je sais, ça fait rire) chargée de remettre à plat le règlement intérieur des écoles et de définir précisément le rôle, les missions et les responsabilités de chacun des acteurs de l’éducation dans nos écoles. Cette commission comprendrait des représentants de la mairie, des employés municipaux, des directeurs et …, nous le lui avons arraché péniblement, des enseignants. Cette commission devrait travailler tout au long de l’année, mais sa première réunion devrait se tenir avant les vacances de la Toussaint.
Comme nous l’annoncions dans notre dernier communiqué, nous avons engagé une série d’actions et nous attendons maintenant le résultat de la réunion rectorat/mairie de Cayenne ainsi que celui la première réunion de la commission indiquée ci-dessus pour nous prononcer sur un éventuel mouvement. Nous n’avons pas voulu agir dans la précipitation, nous préférons obtenir des résultats concrets par la négociation.
J-N G.
N.B. Il est évident qu’au cours de ces deux entretiens le SNUipp a rappelé, s’il en était encore besoin, sa condamnation de toute forme de violence (physique, verbale, mentale…) à l’école et d’où qu’elle vienne (administration, élèves, enseignants, parents d’élèves, personnel municipal…).