Journée d’action du 3 février 2015
Nous étions 1 enseignant sur 3 dans le premier degré et 1 sur 4 dans le second degré à être en grève. Les personnels grévistes étaient une cinquantaine à se rassembler devant la préfecture de Cayenne et une quarantaine à Saint Laurent du Maroni.
Les représentants du SNUipp, du SNICS, du SNUAS-FP, du SNETAP et du SNES ont été reçus à 9h45 par la cheffe de cabinet du préfet de Guyane et ont pu durant une heure présenter leurs principales revendications, relayant celles évoquées au niveau national, mais défendant aussi celles spécifiques à l’académie.
Pour le secrétaire départemental de la FSU les principales revendications sont les suivantes :
L’amélioration des conditions de travail et en particulier :
La diminution des effectifs par classe grâce à la construction des écoles, collèges et lycées nécessaires (la demande actuelle pour rattraper le retard serait de 500 classes dans le premier degré, 10 collèges et 4 lycées). Si ces constructions dépendent toutes des collectivités locales, comme l’a souligné la cheffe de cabinet, la FSU demande que le préfet rappelle aux élus à la tête de ces collectivités leurs obligations pour permettre à l’ensemble des jeunes d’accéder à la scolarité.
La remise à plat des rythmes scolaires particulièrement inadaptés en Guyane du fait des temps de transport pour une grande partie de nos élèves.
Le rattrapage structurel en termes de cantines, plateaux sportifs et moyens de communication dans tous les établissements scolaires.
L’accès à l’eau potable, l’électricité, et les moyens de communication (sans avoir à passer par le Surinam !) pour tous les collègues sur l’ensemble du territoire.
La révision des méthodes de gestion et de management de la hiérarchie vis-à-vis des personnels (visites conseils, inspections, mutations, temps partiels, droit syndical,…).
L’amélioration de la formation initiale et continue :
Réduction du temps en responsabilité des stagiaires (1/3 temps en classe, 2/3 temps à l’ESPE).
La garantie d’une même formation de qualité pour tous les stagiaires, qu’ils soient à l’ESPE de Cayenne, celui de Saint-Laurent ou à temps plein sur le Maroni.
La réorganisation de la formation continue « alimentée » par la recherche et sur temps de travail.
Plus de formation à distance de type « Magistère » inaccessibles aux sites isolés et inadaptée aux besoins des collègues.
Le rattrapage des salaires :
Revalorisation du point d’indice et indexation sur les prix.
Rattrapage pour tous les personnels avec une augmentation de 50 points d’indice (230 €).
Les représentants du 2nd degré dénoncent, d’une part l’utilisation de l’absentéisme comme variable d’ajustement du nombre d’élèves par classe, d’autre part les conditions d’accueil des enseignants sur les communes isolées qui n’ont pas le minimum (un logement décent, un lieu pour préparer leur travail, souvent pas d’eau ni électricité,…) pour vivre et pour travailler. Les personnels nommés en sites isolés sont essentiellement des contractuels débutants qui ont peu ou pas de formation. Cela donne l’image d’une éducation à 2 vitesses entre le littoral et les fleuves.
De la même manière les crédits de la formation continue sont toujours revus à la baisse sous prétexte d’absence de formateurs ou ne non inscription des agents. Cette politique par défaut ne donne pas l’image d’une administration qui a la volonté de développer les systèmes éducatifs dans son ensemble.
La représentante des infirmier-e-s présente un secteur en manque cruel de moyens avec seulement 50 infirmier-e-s pour 165 écoles, 30 collèges et lycées, particulièrement dans l’ouest. Les REP+ pour lesquels il est prévu un personnel de santé supplémentaire par réseau pour les écoles vont absorber les faibles moyens alloués pour la prochaine rentrée. Cette situation laisse un grand nombre d’élèves en souffrance par manque de prise en compte de leurs difficultés physiques, morales et sociales. Des moyens sont détournés au profit de postes administratifs au lieu d’être dévolus aux établissements et aux élèves.
Cette situation se retrouve aussi chez les enseignants où une cinquantaine de postes de titulaires ont été transformés en postes de conseillés techniques ou autre… alors que l’académie manque cruellement de professeurs expérimenté et formés.
Le représentant de la FSU demande une mission de l’IGEN pour remettre la gestion des postes à plat en fonction des nécessités et des priorités.
Le représentant du SNETAP dénonce le manque de prise en compte des difficultés des élèves du lycée agricole, en particulier en ce qui concerne le FLE-FLS. Aucun moyen dégagé pour palier ce problème alors qu’une grande partie des élèves ne maitrisent pas bien le français.
La représentante des assistants sociaux dresse l’état des lieux du secteur dans l’académie.
• Les conditions de travail dans les établissements sont déplorables : pas de bureau ou alors partagé avec les COP, pas de possibilité de respect de la confidentialité ce qui pose un problème de déontologie,
• Aucun moyen de communication (ni téléphone, ni internet).
• Les AS interviennent quasi exclusivement dans le 2nd degré.
• Le nombre de dossiers par AS augmente d’année en année sans que le personnel nécessaire soit nommé. Cet état de fait devient une véritable maltraitance administrative institutionnelle tant le nombre de dossiers en attente sont nombreux.
• Enfin les AS sont inondés de dossiers transmis par la protection de l’enfance et n’ont plus le temps de traiter les situations considérées moins sensibles tel que les cas d’absentéisme scolaire.
La Cheffe de cabinet du préfet nous annonce la venue de la ministre des outre-mer les 6 et 7 février. Nous demandons audience pour lui faire part une nouvelle fois de nos revendications.
Nous demanderons prochainement à rencontrer le sous-préfet responsable des communes de l’intérieur afin de l’informer de la problématique particulière de l’accueil, du logement et des conditions de vie des enseignants dans les sites isolés.