Déroulement de carrière freiné, modalités d’avancement non transparentes, poids hiérarchique renforcé, ce projet n’améliore en rien le dispositif existant. Bien au contraire pour le SNUipp-FSU, il sera source d’arbitraire et de nouvelles inégalités.
D’une part, l’instauration d’entretiens professionnels, en lieu et place de la visite en classe, instaure une nouvelle approche de suivi du travail des enseignants managériale et déconnectée de la pratique professionnelle. Il ne s’agit pas d’une évaluation formative d’une pratique professionnelle mais d’un dispositif de classement des enseignants visant à octroyer d’éventuelles accélérations ou ralentissements dans le déroulement de la carrière.
D’autre part, la suppression de la note ne garantit pas plus d’équité qu’aujourd’hui dans le déroulement des carrières. Au contraire, l’expérience professionnelle n’est plus prise en compte. L’avancement ne se ferait plus à partir de modalités et d’un barème connus de tous, avec toutes les limites que nous portons à ce dispositif qui pour nous est très largement insatisfaisant, mais qui permet aux collègues de se projeter dans la carrière. Il se ferait sur décision directe du supérieur hiérarchique, renforçant ainsi les risques d’arbitraire. Cela risque de dégrader les relations entre les enseignants et mettre ainsi à mal le travail en équipe pourtant nécessaire à la réussite des élèves.
Enfin, les modalités d’avancement de carrière sont alignées vers le bas pour la majorité des personnels. L’avancement à l’ancienneté devient la référence. Pire : certains enseignants verront même ce rythme ralenti par des mois de pénalité ! Cette situation est inacceptable ! Ce projet est un nouveau mauvais coup porté à une profession dont le salaire actuellement bloqué est à la traîne dans toutes les comparaisons internationales.
Pour le SNUipp-FSU, une réforme, cela doit être un progrès, pas un recul. A l’évidence, celle de l’évaluation des enseignants ne répond pas à cette exigence. C’est la raison pour laquelle nous continuons de demander le retrait de ces textes.
Pour autant, et nous l’avons écrit au Ministre, la situation actuelle reste très insatisfaisante. Nous demandons l’ouverture de discussions sur de toutes autres bases. Il est nécessaire que l’Etat s’assure de la réalisation correcte de la mission qu’il assigne à ses agents et crée les conditions d’un progrès constant de leur action.
Cette évaluation nécessaire de la pratique professionnelle doit favoriser une réelle démarche active de formation, et doit être pensée non comme un jugement mais comme un accompagnement pédagogique des équipes d’école. L’analyse la plus pertinente n’a de sens que si elle permet l’évolution des pratiques, ce qui nécessite qu’elle s’accompagne d’actions de formation.
Enfin, concernant l’avancement de carrière, nous revendiquons qu’il soit déconnecté de l’appréciation de la valeur professionnelle. Nous portons l’exigence d’un rythme d’avancement unique permettant à tous les collègues ayant une carrière complète de la terminer à l’indice terminal du corps.