Sous couvert d’évaluation, c’est une vision du système éducatif fondée sur la performance individuelle que portent ces projets. Ces nouvelles modalités d’évaluation des personnels nous font passer à l’ère du management libéral.
L’entretien proposé, reposera tout d’abord sur une auto-évaluation, selon des grilles de lecture fournies par l’administration. Comme les expérimentations sur la commune de Kourou en juin dernier ont déjà permis de le constater, ce processus est particulièrement pervers : on doit soi-même s’évaluer... à travers les yeux de la hiérarchie.
Les plus « méritant-e-s » (entendre, « les plus dociles ») seront gratifié-e-s d’un ou plusieurs mois de réduction par rapport à l’ancienneté moyenne pour accéder à l’échelon supérieur, tandis que d’autres seront pénalisé-e-s par des majorations. Ainsi le supérieur hiérarchique aura un pouvoir personnel accru : cela ne peut conduire qu’à des disparités, à des injustices plus grandes que le système actuel, et nécessairement à l’exercice de pressions, voire à des abus de pouvoir (et pourquoi, pas le retour du droit de cuissage !).
Ces entretiens contribueront à opposer les personnels, soumettre chacun-e à l’arbitraire, et casser toute résistance collective. Ils constitueront un élément supplémentaire pour permettre le recrutement à venir par les chefs d’établissement.
Que va-t-on évaluer ? Cela se traduit dans le projet d’arrêté sur l’évaluation des enseignant-e-s de la manière suivante : il s’agira en premier lieu d’évaluer la capacité de l’enseignant e « à faire progresser chaque élève ». Mais selon quels critères : évaluations nationales, absentéisme, actes d’incivilité...
Qui va évaluer ? Les chefs d’établissements qui auront encore plus de pouvoir ou les directeurs d’écoles qui n’ont statutairement ni la capacité ni les compétences pour le faire.
Pour toutes ces raisons, l’AG de Kourou appelle à poursuivre la mobilisation, en allant dans les établissements, en informant les parents et elle se donne un nouveau rendez-vous début janvier pour exiger le retrait du projet.